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« Logement d’abord » : deux mois pour définir un projet politique ?

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Annoncées en réponse à la mobilisation contre la chute des crédits de l’hébergement d’urgence, les « assises interrégionales du logement d’abord », organisées par les services déconcentrés de l’Etat en présence des associations, des bailleurs sociaux et des collectivités locales, se tiendront jusqu’au 22 novembre, avant les assises nationales du 9 décembre.

Orléans a, le 4 octobre, ouvert la série des huit rencontres prévues sur le territoire. Quatre ans après le lancement du « chantier national prioritaire », et alors que les choix budgétaires sont déjà scellés, ces rencontres peuvent-elles, à la veille de l’élection présidentielle, dépasser le stade des grands principes ?

Face aux associations qui auraient souhaité une démarche moins précipitée, dans le cadre d’une conférence de consensus, le secrétaire d’Etat au logement, Benoist Apparu, affiche son volontarisme : « Il faut maintenant passer de la théorie à la pratique en faisant en sorte que le “logement d’abord” soit appliqué dès janvier 2012, affirme-t-il aux ASH. L’objectif est de partager au maximum avec les associations pour arriver à des conclusions le 9 décembre, sans repartir encore sur six mois de discussions. »

Si le ministre estime que les premières assises ont pu dégager « des points d’accord », le sentiment du secteur associatif est beaucoup plus mitigé. Celui-ci déplore en premier lieu l’absence d’une méthode ambitieuse de concertation. « Plus que des assises, ce fut un colloque où les associations ont pu défendre leurs positions durant moins d’une matinée et les représentants de l’Etat, très présents, repérer les bonnes pratiques, témoigne Nicolas Jacquard, délégué régional de la FNARS (Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale) Centre. Nous espérons que nos arguments seront repris dans les actes de la journée. » En écho à leurs inquiétudes, le ministère assure que des « rapports de fin d’assises » devraient être réunis avant la journée du 9 décembre.

Sur le fond, les associations dénoncent que l’Etat ait, avant toute définition partagée du « logement d’abord », « mis la charrue avant les bœufs » en réduisant les crédits de l’hébergement d’urgence et de la veille sociale sans que les solutions de logement soient à la hauteur. « A Tours, entre 10 et 30 personnes attendent d’être hébergées via le 115, indique Nicolas Jacquard. Quant au service intégré de l’accueil et de l’orientation (SIAO), sans moyens et coupé des dispositifs de droit commun, il ne peut pas travailler en partenariat ! Le logement adapté tire son épingle du jeu, mais avec des moyens insuffisants pour l’accompagnement social. »

Loin de vouloir freiner la stratégie du « logement d’abord », qu’elles appellent aussi de leurs vœux, les associations veulent obtenir les garanties de sa réussite. La FNARS en définit les grands axes : le maintien des places d’hébergement humanisées, une politique du logement reposant sur la construction de logements aux loyers accessibles, la solvabilisation des ménages et la prévention des expulsions, la mise en place d’un accompagnement social global pluridisciplinaire et le raccourcissement des délais d’accès au logement permanent. Elle appelle à une « politique de long terme » qui nécessite « un pilotage », un calendrier et des objectifs partagés, sans oublier la participation des personnes accueillies, peu associées aux assises. « Nous attendons de l’Etat des choix politiques clairs, notamment qu’il prenne position sur la place du logement intermédiaire, sur la définition de l’accompagnement social, et, par conséquent, sur la formation des travailleurs sociaux, et les relations avec les conseils généraux, qui craignent un transfert de charges », précise Matthieu Angotti, directeur général de la FNARS.

Parallèlement à ces rencontres, dix territoires pilotes, retenus à l’issue d’un appel à projets lancé mi-juillet, devraient bénéficier d’un appui des services de l’Etat pour mettre en œuvre la stratégie du « logement d’abord ». Mais au début des assises, leur nom et les modalités de cette démarche n’étaient toujours pas rendus publics. Pas plus que n’était connu le « fléchage » des 75 millions d’euros supplémentaires sur deux ans annoncés par le Premier ministre.

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