PETITES MAINS DE LA PETITE ENFANCE. « On est beaucoup dans le faire, on n’a pas de temps pour se poser, pour réfléchir », regrette une auxiliaire de puériculture. Une fois n’est donc pas coutume : dans le cadre de la recherche-action à l’origine de son ouvrage, cette professionnelle de Seine-Saint-Denis et une bonne soixantaine de ses consœurs, également en poste dans des crèches du département, ont eu le loisir d’analyser les bons et les moins glorieux côtés de leur métier. Pendant deux ans, au rythme d’une réunion par mois, les sociologues Liane Mozère et Irène Jonas ont en effet recueilli les paroles de ces petites mains de la petite enfance qui n’ont jamais l’occasion de se faire entendre. A cet égard, d’ailleurs, on peut rendre grâce au parti pris des sociologues, qui restituent ce qu’elles ont enregistré sans affadir le propos par d’inutiles broderies. On entrevoit ainsi des parents en difficulté et des auxiliaires de puériculture qui, souvent, ne le sont pas moins, mais aussi et surtout des professionnelles rusées qui font montre de trésors d’imagination pour apprivoiser injonctions, réglementations et nourrissons afin d’accompagner au mieux ces derniers dans leurs premières acquisitions. Autant de témoignages vivants qui font tout l’intérêt de ce petit livre.
« On “garde” des vaches mais pas des enfants… » Paroles d’auxiliaires de puériculture en crèche – Sous la direction de Liane Mozère et Irène Jonas – Ed. érès – 12 €