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Un mois pour rendre visible le travail social

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A quelques mois de l’élection présidentielle, un collectif associatif emmené par MP4 (Mouvement pour une parole politique des professionnels du champ social) a décidé de consacrer le mois d’octobre à une mobilisation nationale sur le travail social. Des initiatives s’organisent, mettant en lumière à la fois les « résistances » et les innovations.

Un septennat après les « états généraux » qui, à l’initiative de l’association « 7,8,9 », avaient été l’occasion d’un large débat sur ses conditions d’exercice, le travail social prend de nouveau la parole. Arrivera-t-il davantage à dépasser la sphère professionnelle ? Dans un contexte très tendu, l’ambition est, cette fois, de se saisir de la campagne présidentielle pour rendre visible la réalité de l’accompagnement des plus démunis, alors que 13 % de la population vivent en dessous du seuil de pauvreté.

L’organisation de cette nouvelle initiative revient à un collectif constitué en mars dernier à l’appel de MP4, avec cinq organisations professionnelles issues du champ éducatif (1). Son objectif : faire du mois d’octobre celui d’une grande mobilisation nationale consacrée au travail social, à la fois pour le sortir de l’ombre, rendre compte de ses difficultés, interpeller les élus et les partis politiques (2). Tandis que, dans les territoires, les mouvements se multiplient pour dénoncer les coupes budgétaires, les reculs dans l’accès aux droits ou la stigmatisation des personnes vulnérables, il s’agit aussi de « fédérer les initiatives existantes et de leur donner une cohérence », explique Jean-Marie Vauchez, président de l’ONES (Organisation nationale des éducateurs spécialisés).

Début octobre, une douzaine d’événements en région parisienne, en Rhône-Alpes, dans le Centre ou le Limousin figuraient au programme provisoire affiché sur le site d’« Octobre du travail social » (3). Mais la démarche, contrairement aux « états généraux » de 2004 qui avaient mûri pendant deux ans, a été lancée sans moyens de coordination. Par conséquent, « il est difficile d’avoir une visibilité sur son ampleur. Des personnes s’emparent de ce mouvement sans qu’on le sache forcément », reconnaît Martine Pottier, présidente de 7-8-9 Radio sociale et responsable des formations initiales à l’IRTS d’Olivet (Loiret).

Au programme notamment : les initiatives du collectif « Ripostes », à Limoges (Haute-Vienne), qui compte parmi ses membres actifs une vingtaine de professionnels du champ social et médico-social et dans son réseau plus de 250 personnes, syndiquées ou non. « Face aux tensions qui traversent plusieurs secteurs – la suppression de postes dans les missions locales, les difficultés de l’hébergement d’urgence, la baisse des subventions aux associations et la dégradation des conditions de travail –, nous avons ressenti le besoin de nous regrouper pour partager nos réflexions, raconte Camille Riausset, assistante sociale. Nous avons ainsi organisé à deux reprises des états généraux, en décembre 2010 et en avril 2011. Dans le cadre de la mobilisation du mois d’octobre, notre intention est davantage de nous adresser aux citoyens. » Le 7 octobre, des tracts devaient être distribués aux carrefours de la ville. Le 13, une soupe populaire est prévue pour alerter, en raison de la chute des moyens consacrés à l’accompagnement, sur « la fin du social professionnel et le retour à la charité ». Le 22, c’est un cortège qui doit symboliser « l’enterrement du social ». Pour finir, un débat public devrait se tenir à Limoges le 29.

Autre démarche : celle du collectif « Travail social en crise », à Saint-Etienne (Loire), émanation du « Portail de l’accès aux droits sociaux ». Porté par plusieurs associations intervenant dans le champ de la solidarité et de l’éducation populaire, celui-ci se veut un espace d’informations, mais aussi d’échanges avec les personnes en situation de précarité. « A partir de ce portail, nous affichons une autre orientation du travail social qui favorise les échanges pour co-construire des solutions avec les personnes et favoriser une “force collective” », précise Josiane Reymond, puéricultrice en PMI. Dans le même esprit, le collectif stéphanois « Travail social en crise », créé en réaction à la « logique marchande » qui touche le secteur, défend, depuis plus de deux ans, la capacité des professionnels et des usagers à intervenir dans la conception des politiques sociales et les conditions de leur mise en œuvre. Le 20 octobre à l’Institut régional et européen des métiers de l’intervention sociale de Firminy (Loire), il organise une rencontre sur le thème « des initiatives concrètes pour d’autres orientations du travail social ». Parmi les expériences présentées à cette occasion : la mise en place d’une « assemblée démocratique » dans un foyer hébergeant des personnes déficientes intellectuelles légères, ou encore un espace d’animation de quartier où sont accueillis les enfants et leur famille de façon libre et inconditionnelle.

Pour mutualiser l’ensemble de ces initiatives locales et « porter plus loin nos doléances, nos exigences et nos propositions », une rencontre aura lieu à Paris en décembre 2011, annoncent les organisateurs de la mobilisation nationale. Le succès de la démarche dépendra donc largement de la capacité des acteurs à ne pas la laisser s’essouffler.

Notes

(1) 7-8-9 Radio sociale, le Comité national de liaison des associations de prévention spécialisée (CNLAPS), l’Organisation nationale des éducateurs spécialisés (ONES) le Carrefour national de l’action éducative en milieu ouvert (Cnaemo) et la Fédération nationale des éducateurs de jeunes enfants (FNEJE).

(2) Voir ASH n° 2718 du 15-07-01, p. 29.

(3) http://octobre-du-travail-social.blogspot.com/.

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