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Nouveau rendez-vous manqué à Matignon

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Les représentants du Collectif des associations unies pour une nouvelle politique du logement sont, une nouvelle fois, ressortis désabusés de leur rendez-vous avec le Premier ministre, le 26 septembre. Celui-ci avait été annoncé depuis l’été dernier, après le tollé suscité par la réduction des crédits de l’hébergement d’urgence. Pour eux, l’enjeu était d’obtenir au moins le maintien des budgets 2010, mais aussi des mesures structurelles permettant d’atteindre les objectifs du « chantier national prioritaire » 2008-2012 pour l’hébergement et l’accès au logement. « On voulait que le gouvernement donne un dernier coup de collier avant l’élection présidentielle, explique Matthieu Angotti, directeur général de la FNARS (Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale). Or nous avons eu exactement les mêmes réponses que l’an dernier : des engagements de principe et une rallonge budgétaire ! »

Le gouvernement n’a, en effet, pas échappé au mécanisme récurrent de cette « rallonge » consentie chaque année devant l’insuffisance des crédits votés en loi de finances initiale par rapport aux crédits consommés l’année précédente. Matignon précise, cette fois, que seront accordés « 75 millions d’euros de crédits supplémentaires à l’hébergement d’urgence et à l’accès au logement », répartis sur les années 2011 et 2012. Selon les associations, le manque à gagner s’élevait à 70 millions d’euros dans le budget 2011… Il est en outre précisé que ces crédits supplémentaires « permettront de conforter les structures existantes et de renforcer les dispositifs visant à faciliter la sortie de l’hébergement et l’accompagnement vers le logement, tels que les pensions de famille et l’intermédiation locative ». De quoi alimenter les craintes de voir s’opérer un jeu de « vases communicants » en faveur des dispositifs d’accès au logement, dans la droite ligne de la logique du « logement d’abord », au détriment de l’hébergement d’urgence et de la veille sociale.

Mais la question n’est pas seulement budgétaire. « Sans méthode, sans suivi, sans calendrier, les bribes de réforme engagées vont rester au milieu du gué », s’inquiète Matthieu Angotti. Ainsi, « le chantier de l’humanisation des structures d’hébergement, qui avait bénéficié de crédits lors du plan de relance, subit un très net ralentissement. Quant aux services intégrés d’accueil et d’orientation [SIAO], ils se mettent en place de façon très inégale selon les territoires, faute de pilotage national. Quelques-uns fonctionnent ­correctement, mais beaucoup sont des coquilles vides. »

Face à ces inquiétudes, le Premier ministre a indiqué qu’il réunirait les préfets « pour s’assurer de l’effectivité de la mise en œuvre du chantier national 2008-2012 » et qu’il avait demandé à la ministre et au secrétaire d’Etat chargés du logement « de lui rendre compte à intervalles réguliers de l’état d’avancement de cette politique au cours des mois à venir ». Rien de très concret, donc, « mais nous suivrons de près ces engagements, de même que l’évaluation de la mise en place des SIAO confiée à l’inspection générale des affaires sociales », ajoute Matthieu Angotti.

Si le Premier ministre a affiché la volonté de mieux mobiliser les outils de la prévention des expulsions, comme les commissions de coordination des actions de prévention des expulsions locatives (CCAPEX), les associations sont également restées sur leur faim sur ce sujet. « Le chantier prioritaire reposait sur trois piliers : la prévention des expulsions, la réforme du dispositif d’hébergement et l’accès au logement, a rappelé Christophe Robert, délégué général adjoint de la Fondation Abbé-Pierre, avant le rendez-vous de Matignon. Mais le gouvernement refuse de prononcer un moratoire sur les expulsions, d’augmenter les aides personnelles au logement, diminue son soutien à la production de logements sociaux… Comment va-t-il faire pour que plus personne ne soit à la rue ? »

Des assises régionales du « logement d’abord » sont, par ailleurs, attendues pour octobre et novembre. Elles devraient être conclues par une journée nationale en décembre. Les associations entendent influer sur leur organisation pour éviter que l’événement n’accouche d’une souris. Elles attendent également des précisions sur la méthodologie et le calendrier retenus pour l’expérimentation prochaine de la stratégie du « logement d’abord » dans dix territoires.

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