A la fin du XIXe siècle, l’hygiène de la petite enfance fait l’objet d’un ensemble de dispositions destinées à réduire la mortalité infantile : création de consultations prénatales et de nourrissons, ouverture de nouvelles crèches et rénovation d’anciennes. Maître-d’œuvre de cette politique, la direction de l’assistance publique au ministère de l’Intérieur est autorisée, en 1887, à recruter des femmes sur des postes d’inspectrices générales des services de l’enfance. Après avoir exercé trois ans comme dame visiteuse salariée d’un bureau de bienfaisance parisien, Olympe Gevin-Cassal devient, en 1896, l’une de ces quatre inspectrices générales – fonction qu’elle occupera jusqu’à sa retraite en 1926. A travers son itinéraire, retracé par Geneviève Lefort, documentaliste spécialisée dans les questions d’éducation et petite-fille d’Olympe Gevin-Cassal, on assiste au déploiement de l’ambitieuse politique de la petite enfance de la IIIe République. De nombreux débats agitent l’époque, notamment sur la lutte contre la dépopulation. A cet égard, Olympe Gevin-Cassal milite plus pour la protection maternelle et infantile que pour l’encouragement systématique de la natalité. Aider financièrement les familles démunies et les mères célibataires, propager ou imposer des principes d’hygiène et, surtout, apprendre aux mères à les appliquer : tel est le programme qu’au fil de sa vie l’inspectrice générale défend sur le terrain comme dans ses écrits. Ce récit du parcours hors pair d’une femme qui a « contribué à la naissance de l’aide sociale à l’enfance » est un vivant témoignage sur l’amélioration de la prise en charge de la petite enfance au début du XXe siècle. L’occasion pour les professionnels d’aujourd’hui de replonger aux racines de leur métier.
L’éducation des mères. Olympe Gevin-Cassal, inspectrice générale de l’enfance (1859-1945) – Geneviève Lefort – Ed. Presses universitaires de Rennes – 18 €