Pourquoi un sommet européen des maires sur les Roms ?
Les 10 à 12 millions de Roms qui peuplent l’Europe sont marginalisés dans la plupart des pays, même là où ils sont très nombreux, comme en Roumanie, en Bulgarie, en Turquie, en Russie, en Espagne et dans les Balkans. Ils ont difficilement accès à l’éducation, aux soins, au marché du travail ou au logement. Après la réunion des gouvernements du Conseil de l’Europe du 20 octobre 2010 qui a donné naissance à la « Déclaration de Strasbourg » (2), promouvant l’inclusion et l’intégration sociale des Roms, il manquait un engagement similaire aux plans régional et local, là où se nouent les problèmes. Ce sommet devait permettre aux élus de découvrir les bonnes pratiques mises en place ailleurs afin qu’ils les intègrent et contribuent à améliorer collectivement l’intégration des Roms dans toute l’Europe. Les participants se sont ainsi engagés, dans leur déclaration finale, à former une « alliance », une sorte de réseau des villes et des régions, pour œuvrer en ce sens.
Quels sont les obstacles à l’intégration des Roms ?
Le cercle vicieux de la pauvreté est le problème principal : les enfants rom ne vont pas suffisamment à l’école, n’obtiennent pas de diplôme, n’accèdent pas au marché du travail et continuent à vivre dans la misère. Mais l’hostilité de l’opinion publique est aussi en cause : comment un maire peut-il mettre en place des actions d’inclusion sociale quand il doit parallèlement gérer la discrimination, le racisme et l’anti-tsiganisme ? Les 17 recommandations que vient de publier la Commission européenne contre le racisme et l’intolérance (ECRI) [voir ce numéro, page15] vont dans le bon sens. Celle-ci tire la sonnette d’alarme sur la montée des intolérances. J’espère que cela servira de réveil. Il faut que les politiques réagissent et condamnent fermement tout acte d’antitsiganisme.
Certains pays ont-ils mis en place des actions intéressantes ?
Les politiques ont trop longtemps fermé les yeux sur cette situation de misère. Ces temps sont révolus, une dynamique est lancée, notamment par le Conseil de l’Europe et l’Union européenne avec le cadre européen des stratégies nationales d’intégration des Roms mis en place cet été (3). Mais il n’y a pas de solution rapide.
On voit quand même des améliorations. En Espagne, par exemple, avec le programme de construction de logements sociaux lié à un accompagnement social renforcé. Un travail est également mené auprès de la population non rom pour diminuer le climat de méfiance. Autre exemple : les médiateurs rom travaillant entre les communautés concernées et les services publics pour établir un dialogue et une communication. C’est un concept sur lequel le Conseil de l’Europe est fortement engagé via un vaste programme de formation mené dans 15 pays, dont la France.
Les Roms veulent-ils être intégrés ?
Ils sont les premiers à réclamer que les autorités les prennent au sérieux et que leurs besoins soient pris en compte. Des maires rom et des organisations de Roms étaient d’ailleurs présents aux débats lors du sommet. Pour autant, la misère qui caractérise la vie de beaucoup d’entre eux les empêche de la prendre pleinement en main. Un long travail auprès de ces communautés est nécessaire.
(1) Cette assemblée politique paneuropéenne est composée de 636 élus – conseillers régionaux et municipaux, maires et présidents de région – représentant plus de 200 000 collectivités de 47 pays européens.