Pourquoi cette plateforme ?
Depuis une quinzaine d’années, les points accueil écoute jeunes (PAEJ) et les espaces santé jeunes (ESJ) reçoivent les jeunes de 11 à 25 ans et leurs parents. A ces deux dispositifs – le premier à vocation sociale, le second tourné vers la prévention et la promotion de la santé – sont venues se greffer, en 2005, les maisons des adolescents (MDA), plus tournées vers le soin et la psychiatrie. Au total, près de 260 structures (dont 80 MDA), soit un peu plus de 1 200 professionnels (éducateurs spécialisés, assistants sociaux, psychologues, infirmiers, médecins…), assurent un maillage du territoire pour accompagner 45 000 jeunes par an sur les plans social, éducatif, psychologique et médical. Aujourd’hui, alors que la jeunesse rencontre d’importantes difficultés, ces dispositifs sont remis en question. L’accueil des jeunes est à l’abandon !
De quelle façon ?
Depuis deux ans, les dotations de l’Etat – 20 à 50 % des budgets des ESJ et presque la totalité de ceux des PAEJ – sont en baisse. En 2010, dans quatre régions, les PAEJ n’ont reçu aucun financement de la part de l’Etat et une dizaine de structures ont fermé (2). Du fait de la baisse des subventions de l’Etat, les collectivités locales ont tendance aussi à réduire leur participation. Dans le même temps, le gouvernement multiplie les effets d’annonces sur la prise en charge des jeunes : le plan « Santé des jeunes » de 2008 (3) devait permettre à ces publics de bénéficier d’une consultation médicale sans avoir à avancer les frais. Ce projet n’a pas dépassé le stade de l’expérimentation ! Dans notre plateforme commune (4), nous réclamons « une politique ambitieuse en faveur du bien-être social, psychique et physique des jeunes », interministérielle et financée de façon pérenne.
Vous revendiquez le « continuum entre prévention et soins »…
Grâce à la coordination des professionnels et à la collaboration de nos structures sur chaque territoire, nous nous situons dans le champ de la prévention mais aussi de la prise en charge et du suivi d’un jeune.
Nos dispositifs ne sont pas concurrents mais complémentaires : si un jeune est dans un état critique et a besoin de voir un psychiatre, le professionnel d’un ESJ ou d’un PAEJ l’oriente vers la MDA qui peut facilement obtenir une place en psychiatrie.
Dans les Bouches-du-Rhône, les trois dispositifs ont élaboré avec l’inspection d’académie un protocole en cas d’événements traumatiques dans un établissement scolaire. Il prévoit l’intervention d’un professionnel auprès des élèves.
Et au plan national ?
Nos associations se rencontrent depuis trois ans pour échanger sur les bonnes pratiques et développer ce « continuum ». Au-delà de la défense de nos intérêts financiers, notre rapprochement vise aussi à défendre notre expérience et notre expertise de l’accueil, de l’accompagnement des jeunes et du soutien à la parentalité. A l’initiative de la Société française pour la santé de l’adolescent, nous participons aussi à la rédaction d’un manifeste (5) pour une politique en faveur des adolescents. Le texte sera finalisé cet automne.
(1) Cette mobilisation est soutenue par la Fondation Abbé-Pierre. Le texte de la plateforme est disponible sur
(2) Les réseaux nationaux s’étaient déjà mobilisés contre la baisse des crédits en mai 2010 – Voir l’article du 26 mai 2010 sur
(4) Rédigée à l’issue du deuxième séminaire inter-réseaux du 23 juin dernier.
(5) La version de travail du manifeste est disponible sur le site de SFSA :