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Un regard qui dérange

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Détenues, prostituées, malades, victimes de la guerre… Deux expositions parisiennes et un album revisitent le travail surprenant de la photographe Jane Evelyn Atwood.

Une femme nue, jeune, enceinte, tourne le profil de son ventre vers l’objectif. Maternité des Lilas. La photo en jouxte une autre, comme en écho. Une femme nue, allongée au sol, que des mains gantées essaient de réveiller. Elle a 21 ans, dit la légende. Victime d’une overdose.

Jane Evelyn Atwood est née à New York, mais vit à Paris depuis 1971, où elle a commencé la photo en 1975. De manière « obsessionnelle », dit-elle : elle ne passe à un nouveau sujet que si elle a le sentiment d’avoir complètement compris celui qui l’occupe. Et ce qui la préoccupe, ce sont les habitants de la rue, les prostituées, les détenues. Qu’elle cadre de près. Corps abîmés, corps malades, corps aimés. Pas de distinction dans le traitement entre la naissance à la maternité et l’overdose à même le trottoir, entre le portrait de sa belle-sœur dans le coma et les catcheurs dans les cordes à Pigalle. Les clichés sont bruts, forts, parfois dérangeants, mais habités d’une vie subtile.

Car Jane Atwood choisit des cadres inattendus, renouvelle l’approche. Dans son travail sur les prostituées de la rue des Lombards, elle se tapit dans une embrasure de porte, pour photographier les clients qui plongent les yeux dans le couloir sombre, en quête. L’appareil photo surprend le coup d’œil, instant furtif rarement partagé. Comme dans son travail mené dans 40 prisons de neuf pays. Quand, à travers le grillage de sa cellule, une détenue observe une dernière fois sa sœur venue lui rendre visite. Jane Atwood fixe, là encore, des détails troublants qui en disent longs, qui en apprennent sur la justesse d’un regard. Première grande rétrospective consacrée à cette photographe fascinante, l’exposition à la Maison européenne de la photographie rend compte de trente-cinq ans de travail. Une trentaine de tirages noir et blanc sont également présentés à la galerie parisienne In camera. Enfin, les éditions Actes Sud ont récemment publié un recueil « Photo poche » de 78 de ses clichés consacrés aux légionnaires, aux « vieillesses », aux jeunes aveugles ou aux mutilés des mines antipersonnel.

Photographies 1976-2010 – Jusqu’au 25 septembre à la Maison européenne de la photographie – 5-7, rue de Fourcy, 75004 Paris – Tél. 01 44 78 75 00 – Ouvert du mercredi au dimanche, de 11 h à 20 h – 7 € et 4 €

Jane Evelyn Atwood – Jusqu’au 24 septembre à la galerie In camera – 21, rue Las Cases, 75007 Paris – Tél. 01 47 05 51 77 – Du mardi au samedi, de 14 h à 19 h

Jane Evelyn Atwood – « Photo poche » n° 125 – Ed. Actes Sud – 12,80 €

Culture

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