Pourparlers entre filles

Il y a Alix, Tania et Carlotta d’un côté, Alison, Deguene et Wafae de l’autre. Les premières sont scolarisées au lycée Jean-Racine, dans le VIII^e arrondissement de Paris, les autres au lycée Alfred-Nobel à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Elles sont en classe de terminale, sont coquettes et plutôt bonnes élèves. Tout devrait les réunir, sauf qu’elles habitent de chaque côté du périphérique, dans deux mondes qui s’ignorent et qui pourtant se jugent. Jean-Marie Montali et Bruno Victor-Pujebet ont voulu savoir quelles pouvaient être leurs affinités. Ils ont réalisé pour Canal + un reportage dans lequel ces six filles se sont portées volontaires pour confronter leurs modes de vie : les Clichoises ont d’abord passé quatre jours dans les quartiers qu’elles estimaient « privilégiés », puis les Parisiennes ont bravé leurs craintes d’aller vivre dans les cités du « 9-3 ». Au fil des jours, elles ont appris à questionner leurs préjugés, même si certains sont confirmés – il y a parfois des voyous à la sortie du lycée Alfred-Nobel, et les jeunes du XVI^e peuvent dépenser des sommes extravagantes pour des soirées arrosées ! L’envie première des filles de Clichy est de se défaire de la mauvaise réputation de leur quartier, rendu tristement célèbre par les émeutes de 2005. Celle des Parisiennes relève plutôt de la curiosité. Le film prend surtout le pouls d’une génération d’adolescents accros aux SMS, avec un vocabulaire unique, des envies, des déceptions et des bonheurs communs. Les vies des six protagonistes ne sont pas si différentes, même si chacune doit s’adapter aux règles propres à son environnement. Ensemble elles échangent sur la virginité, la « réputation », les sorties, l’argent de poche, la famille… et sur l’envie de rester ados, loin de l’univers des adultes ! Si le documentaire n’arrive pas à abaisser toutes les barrières, il a le mérite d’avoir suscité la rencontre de jeunes filles qui n’auraient pas eu la chance de se croiser et qui, pour certaines, ont bâti une nouvelle amitié.