Il a beau, à 11 ans, être le premier de sa classe et sage comme une image, John McGill n’échappera pas au destin tout tracé que lui réserve sa condition : né en Ecosse dans les mauvais quartiers de Glasgow, il est étiqueté à cause de la réputation sulfureuse de son grand frère Benny, chef de gang, et passe des nuits blanches quand son père, alcoolique, abuse de sa mère, soumise et déprimée. En 1973, John entre au collège, loin du cocon protecteur de son école primaire, et devient vite la victime de harcèlement scolaire. C’est le préambule de la chute. Lente, celle-ci trouve sa source dans l’opposition de la mère de son meilleur ami au maintien de leur relation, en raison de la différence sociale. Elle se poursuit lorsqu’il récupère fortuitement un cran d’arrêt à la suite d’une rixe dans son établissement. Elle devient inéluctable quand le chemin de John croise la bande des NEDS (Non Educated Delinquents), dangereuses « petites frappes » qui font régner la terreur dans les quartiers. Il sera vite intégré à la meute, cette fois grâce à la réputation de son frère aîné. John boit, prend de l’assurance, gagne en popularité dans la rue, tout en étant rétrogradé, à l’école, de la classe de l’élite à celle des cancres, avant d’être totalement déscolarisé. Le jour où il se met à tabasser son père, sa mère le jette dehors. Sa violence n’aura alors plus de limites, dépassant même celle de ses pairs, qui le rejetteront à leur tour.
Le film est brutal, troublant par moments, plus proche d’Orange mécanique que de La guerre des boutons. L’histoire de ces « incasables », servie par de jeunes comédiens plus vrais que nature, est ancrée dans la réalité anglo-saxonne des années 1970, où l’humiliation et la ségrégation constituaient les fondements des méthodes scolaires. Pourtant, à chaque image, le spectateur pense que tout ceci pourrait aussi bien se passer en bas de chez lui et que, de fait, lorsque les dés de la vie sont pipés, il est facile de sombrer…
NEDS – Peter Mullan – 1 h 58 – En salles le 31 août