Un simple contrôle d’identité, et la vie bascule : des hommes et des femmes disparaissent dans la machine infernale des centres de rétention administrative. A travers sept séquences de quelques minutes, Julie Chansel et Michaël Mitz retracent, étape par étape, dans le web-documentaire La machine à expulser, disponible sur le site de Canal +, le parcours de M. Kamal, étudiant en cinéma retenu parce que sa carte de séjour n’est plus à jour, de M. Lardji, père d’un enfant scolarisé en France et dont la femme est enceinte, qui risque l’expulsion, ou encore de M. Boutelfa, reconduit en quelques jours en Algérie, son pays natal quitté… trente ans plus tôt. Ils décrivent l’insoutenable ennui des jours passés à attendre, la violence qui en découle: tentatives de suicide, grèves de la faim, repli sur soi. « Premiers réceptacles de toute la colère de ces personnes », les accompagnateurs juridiques de la Cimade racontent leur travail quotidien auprès d’elles, les mots qu’ils doivent trouver pour expliquer qu’elles sont placées en rétention pour être renvoyées dans leur pays d’origine. Ils détaillent la procédure : le passage devant le juge des libertés au bout de 48 heures ; le recours devant le tribunal administratif ; le maintien en rétention jusqu’à 32 jours (1) ; l’issue, enfin, qui peut se traduire par la remise en liberté, la reconduite à la frontière ou la prison. Au-delà des témoignages, le système juridique complexe est décortiqué à travers schémas, tableaux et chiffres. Une séquence revient sur l’histoire de l’enfermement des étrangers en France et balaie les dernières années au cours desquelles les centres de rétention se sont multipliés : en trois ans et demi, la capacité des centres a triplé.
La machine à expulser – Julie Chansel et Michaël Mitz –
(1) A noter que la loi sur l’immigration du 16 juin dernier a porté à cinq jours la durée de la rétention avant l’intervention du juge des libertés et à 45 jours la durée maximale de la rétention administrative.