Parce que, dans les institutions où ils vivent et/ou travaillent, les adultes qui souffrent d’une déficience intellectuelle peuvent être victimes de diverses formes de négligences ou de violences, il est essentiel qu’ils puissent identifier ces maltraitances pour les déjouer ou, à tout le moins, trouver le moyen d’y mettre fin. Tel est l’objet du dispositif d’éducation au risque élaboré par Manon Masse et Geneviève Petitpierre, qui enseignent respectivement à la Haute Ecole de travail social et à l’Université de Genève (Suisse). Fondé sur une méthodologie participative, cet outil de prévention a été construit avec trois catégories d’acteurs : des personnes en situation de handicap mental disposant de la capacité de s’exprimer verbalement, des parents et des professionnels socio-éducatifs. Tous ont été invités à réagir à de courtes vidéos mettant en scène des situations concrètes d’abus potentiels. Comment les différents protagonistes se représentent-ils la maltraitance et quels facteurs de risque et de protection identifient-ils ? Ce travail fait apparaître la pluralité d’interprétations à laquelle la maltraitance donne lieu. Il permet aussi et surtout aux participants de proposer des pistes d’amélioration en matière de détection et de signalement. A cet égard, les personnes handicapées pointent l’importance de pouvoir parler – à des professionnels, à des membres de leur famille – quand des événements difficiles surviennent, et elles préconisent d’être régulièrement entendues sur leur vécu dans le cadre d’entretiens individuels ou de groupe.
La maltraitance en institution. Les représentations comme moyen de prévention – Manon Masse et Geneviève Petitpierre – Ed. IES – 21 €