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Le chasseur de poussières

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Fort de son expérience dans le secteur de l’aide à domicile, l’artiste néerlandais Anton Valens transcrit avec finesse la rencontre de son narrateur avec neuf personnes âgées dépendantes.

Boni Hulzebus est auxiliaire de vie sociale dans un service d’aide à domicile. Pendant une dizaine d’années, chez une multitude de personnes âgées, il expérimente les détartrants et se perfectionne dans les techniques de passage d’aspirateur. Surtout, il consacre un temps infini à récurer les toilettes. Le jeune homme montre des aptitudes étonnantes et une volonté sans pareille : « Faire le ménage a une utilité manifeste et j’aime quand il y a vraiment quelque chose à faire quelque part. On espère ainsi parvenir en quelques mois à une ambiance de vie nettement plus agréable, plus conviviale et plus saine que celle qu’on avait trouvée au départ. » A travers les tâches ménagères qu’il exécute chez eux, il dresse le portrait de ses clients âgés qu’il appelle tous par leur nom de famille. Hoenderdos, Van Wifferen, Hoonkop, Grijspeerde (le roman est traduit du néerlandais)… ont tous une place dans son cœur. Ils les voient comme des héros de la vieillesse : il y a ceux qui veulent qu’il aille vite et ceux qui préfèrent qu’il prenne son temps; les généreux, qui le gavent de pains aux raisins, et les radins, qui ne lui proposent jamais rien; celui qui tombe amoureux de lui et celui qui lui apprend le français pour qu’il lise Proust et Céline en version originale. Il y a aussi les adresses « qui lui pompent l’air » avec de vieux égocentriques et celles où il s’est fixé pour mission de « stimuler » les personnes, aussi bien intellectuellement que physiquement, ce qu’il considère comme « une tâche confidentielle mais importante » de l’auxiliaire de vie. Beaucoup le cannibalisent, au point qu’il se perd un peu lui-même. « Contrairement à celui de coureur automobile, le métier d’auxiliaire à domicile, catégorie A, n’est pas spécialement sexy et n’exerce pas d’attrait magnétique sur les nanas », se plaint-il. Mais son regard reste centré sur les personnes âgées. Il s’inquiète même de ce qui peut arriver quand, « pour se remettre de l’assistance aux autres », il prend quelques semaines de vacances. Les plus beaux moments du livre sont ceux où l’homme de ménage voit ses clients s’éloigner définitivement de lui, car chaque histoire se termine inévitablement par un décès ou une chute finale. Inspiré de l’expérience d’Anton Valens, ce roman – il serait plus juste de parler de neuf nouvelles correspondant à autant de rencontres avec des personnes âgées – a été salué aux Pays-Bas pour l’originalité de son thème et la qualité de son écriture.

Homme de ménage – Anton Valens – Ed. Actes Sud – 23 €

Culture

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