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« NOUS NE POUVONS PLUS NOUS TAIRE »

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Le Mouvement MP4-Champ social appelle les travailleurs sociaux à faire d’octobre le « mois du travail social ». Sept ans après les « états généraux du social », il est temps de reprendre l’initiative, explique Bernard Heckel, directeur du Comité national de liaison des associations de prévention spécialisée (CNLAPS), membre du comité de pilotage.

Pourquoi un « mois du travail social » en octobre prochain ?

Nous allons entrer dans la précampagne présidentielle, c’est le moment opportun pour faire savoir à nos concitoyens et à nos élus ce qu’il en est aujourd’hui de la réalité de l’accompagnement des plus démunis et de nos métiers. Dans la période actuelle où le travail social n’est plus porté par le gouvernement, voire est considéré comme une dépense inutile, nous ne pouvons plus nous taire. On sent bien d’ailleurs, à travers les nombreuses plateformes en préparation – celle de l’Uniopss, de la FNARS ou du collectif « Pouvoir d’agir des citoyens » –, combien les professionnels et responsables associatifs ont aujourd’hui besoin de parler et de faire des propositions.

Vous dites que la parole des travailleurs sociaux n’est pas reconnue…

C’est peu dire en effet ! Prenons la politique de prévention de la délinquance :

le gouvernement persiste à ne l’envisager que sous l’angle de la prévention situationnelle et de la tranquillité publique et à évacuer la prévention sociale éducative. Et cela, malgré tout ce qu’ont pu dire ou écrire les associations et les professionnels ! Citons encore les « états généraux de l’enfance » organisés en 2010 par Nadine Morano, alors secrétaire d’Etat à la famille. On était un certain nombre à y croire. Un atelier s’intitulait « un meilleur positionnement pour le travail social » : son rapport, issu des réflexions et des contributions écrites d’associations et de professionnels, n’a jamais été publié. Il en est ressorti le « livret des états généraux de l’enfance fragilisée », très pâle reflet des travaux des cinq groupes de travail ! On peut aussi parler du contrat de responsabilité parentale proposé aux parents en cas d’absentéisme scolaire de leur enfant : un marché de dupes si l’on considère que le cocontractant est menacé de sanctions s’il refuse de s’engager. Pour nombre de travailleurs sociaux, le pouvoir judiciaire est la seule autorité habilitée à sanctionner les parents. Faire autrement, c’est leur demander de jouer un rôle qui n’est pas le leur !

Il y a sept ans, le mouvement des « états généraux » voulait aussi faire entendre la parole des travailleurs sociaux. Il a pourtant eu peu d’impact auprès des pouvoirs publics…

Il avait réussi à créer un mouvement d’opinion qui a dépassé le strict cadre du travail social. Mais c’est un combat d’idées qui demande du temps. Il nous faut justement reprendre l’initiative face à l’idéologie sécuritaire et à la logique gestionnaire actuelles.

Vous reprenez les thèmes d’indignation et de résistance au risque d’apparaître comme des nostalgiques d’un passé révolu…

Beaucoup de mouvements – l’Appel des appels, le Collectif des 39 contre la nuit sécuritaire, etc. – se retrouvent autour de la résistance. Il ne s’agit pas seulement de s’indigner mais de résister contre la mise à mal du travail social et de la conception républicaine du service public. Cela n’a rien de passéiste.

Concrètement, que proposez-vous ?

Nous avons constitué un comité de pilotage avec plusieurs organisations (1) et d’autres devraient nous rejoindre. Nous comptons sur ces réseaux pour mobiliser, sur les territoires, les professionnels et faire d’octobre un mois de manifestations publiques, de débats sur les difficultés du travail social et d’interpellations des élus locaux et nationaux (2).

Et après le mois d’octobre ?

Une rencontre est prévue à Paris en décembre 2011 pour mutualiser ces initiatives et rédiger une plateforme de propositions communes pour interpeller les candidats à la présidentielle.

Les professionnels sont-ils prêts à se mobiliser ?

Les collectifs et appels qui se multiplient témoignent que la mobilisation existe déjà. Reste à faire converger ces énergies et à en fédérer d’autres afin de faire du mois d’octobre un temps de parole dynamique et offensif du travail social. La balle est dans le camp des professionnels.

Notes

(1) L’ONES, le Cnaemo, le CNLAPS, la FNEJE, MP4-Champ social et 789radiosociale.

(2) S’informer sur http://octobre-du-travail-social. blogspot.com – octobre.du.travail.social@gmail.com.

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