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Née du mauvais côté

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Récompensé du prix de la Closerie des Lilas, le roman de Sylvie Ohayon raconte son enfance à La Courneuve, entre un beau-père violent, une mère indifférente et une grand-mère adorée.

« Ne m’en voulait pas si ma syntaxe est originale, j’ai toujours eu du mal avec les règles, en général », écrit Sylvie Ohayon, la petite Lili de Papa was not a rolling stone, qui déballe dans ce roman ses souvenirs avec une grande énergie. On tourne les pages à une vitesse folle pour découvrir l’ascension sociale de cette fillette qui, au sein des barres HLM où elle a grandi, a cru pouvoir réunir les trois communautés monothéistes parce qu’elle est juive, arabe et a été élevée par un catholique pratiquant. Aujourd’hui, Sylvie Ohayon est riche et vit à Paris. Elle est publicitaire – à l’origine du fameux slogan de Wonderbra « Regardez-moi dans les yeux, j’ai dit les yeux ! » – et joaillière – car elle a toujours été éblouie par « l’or 18 caillera » ! Jusqu’à l’âge de 26 ans, son quotidien, c’était la cité des 4 000, en Seine-Saint-Denis. Et, entre les murs de son grand appartement, elle repense avec nostalgie à cette jeunesse : « J’ai échangé mes amitiés gratuites de La Courneuve contre des affinités sociales avec des gens qui aiment l’argent et le pouvoir. »

Pourtant, le tableau de ses premières années n’a rien d’un chef-d’œuvre. Fille d’une mère « smicarde, inculte et braillarde », tombée enceinte à 16ans du bel Ahmed rencontré lors d’une unique sortie en boîte de nuit, Sylvie est confiée à l’assistance publique… et récupérée in extremis par sa grand-mère. C’est à cette immigrée tunisienne que Sylvie Ohayon rend le plus grand hommage. « Si je ne suis pas tombée, si, dans la cité, j’ai préféré lire et travailler plutôt que de sortir et m’abrutir, ou pire, subir la vie qu’on me donnait », c’est grâce à cette grand-mère au grand cœur, « qui ramassait les toxicos dans la cage d’escalier et les ramenait chez elle leur donner la douche et quelques nèfles ».

Ensuite s’enchaîne une vie où les malheurs s’accumulent, notamment à cause de son beau-père, qui fait « pleuvoir les baffes ». Mais jamais Lili ne baisse les bras. Son autobiographie mêle petites et grandes histoires : sa rencontre avec Jean-Jacques Goldman ou ses cours de danse avec Kamel Ouali, comme ses soucis avec son ex-mari et ses copains de la banlieue. Cette saga pourrait être d’une tristesse infinie, elle se révèle d’un humour dévastateur, et la preuve qu’on peut réussir sa vie « même quand on est né du mauvais côté du périphérique ».

Papa was not a rolling stone – Sylvie Ohayon – Ed. Robert Laffont – 19 €

Culture

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