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Le rapport sur les toxicomanies jugé de « mauvaise foi »

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Lancée en septembre dernier pour déterminer l’opportunité de créer, en France, des centres d’injection supervisés, la mission parlementaire sur les toxicomanies n’estime « pas souhaitable » d’expérimenter de telles structures (voir ce numéro, page 8). Une conclusion contre laquelle s’élèvent 17 organisations (1), qui jugent l’argumentation des parlementaires « de mauvaise foi ». Selon elles, ce rapport « se fait à charge » et est « truffé d’approximations et de généralisations abusives ». Par exemple, les parlementaires comparent les « salles de shoot » à des espaces de libre consommation, à des zones de non-droit, voire à une politique de capitulation, alors qu’au contraire « ces structures sont réglementées, supervisées par des professionnels et ne peuvent exister sans une coopération étroite avec la police et le soutien des collectivités locales et de l’Etat ».

Les organisations s’étonnent par ailleurs des choix bibliographiques faits par la mission. Si cette dernière fait référence au rapport de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) qui avait émis, en juillet 2010, une recommandation favorable à la mise en place expérimentale de centres de consommation supervisés (2), elle estime que ce travail n’est qu’un élément parmi d’autres. Surtout, notent les organisations, la mission passe sous silence plusieurs autres études qui prouvent l’efficacité de ces centres : le rapport de l’Institut national de santé publique du Québec, les 30 études sur la salle de consommation de Vancouver publiées dans des revues scientifiques internationales ainsi que les recommandations de l’association « Elus, santé publique et territoires » (3), qui n’a d’ailleurs pas été auditionnée par la mission.

Plutôt que des salles de consommation, le rapport propose de créer des maraudes – actions où des professionnels parcourent les rues à la rencontre des usagers –, ce que les 17 organisations estiment être un « contresens absolu ». Contrairement aux centres d’injection supervisés, les maraudes n’empêcheront pas de consommer dans des caves, des parkings, des cages d’escaliers ou des toilettes publiques, arguent-elles. Au final, le rapport parlementaire « n’est qu’une occasion manquée » qui, concluent-elles, ne cherche pas à trouver des réponses appropriées aux problèmes des usagers de drogues.

Notes

(1) Le Réseau français de réduction des risques, Act Up-Paris, la Fédération Addiction, le Syndicat de la magistrature, ASUD, SAFE, SOS hépatites, la Fédération prévention et soin des addictions, AIDES, salledeconsommatin.fr, Elus locaux contre le sida, Elsa France, le Collectif Hypertension, Elus, santé publique et territoires, l’Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie, le Mouvement des jeunes socialistes et les Jeunes écologistes.

(2) Voir ASH n° 2671 du 20-08-10, p. 32.

(3) Laquelle a organisé un séminaire sur le sujet en 2010 – Synthèse disponible sur www.espt.asso.fr.

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