UN DIALOGUE VAGABOND. L’un – Jean-François Gomez – a décroché son diplôme d’éducateur spécialisé en mai 1968 à Toulouse, l’autre – Thierry Goguel d’Allondans – a suivi le même cursus une douzaine d’années plus tard à Strasbourg. Egalement formateurs et chercheurs, les deux professionnels dialoguent et se racontent. Lectures et rencontres marquantes, butinages des apprentissages et élaborations de la maturité : pour témoigner de leur parcours et des expériences engrangées, les auteurs s’interviewent mutuellement. Une longue fréquentation des travaux de son alter ego permet à chacun de relancer son interlocuteur pour l’inciter à exposer ses idées, pour l’aider à préciser sa pensée. Réunis par une commune fidélité à de grands aînés – en particulier Jean Oury, François Tosquelles et Fernand Deligny –, ces « disciples passionnés » qui endossent à leur tour le rôle de passeurs partagent la conviction qu’on ne devient pas éducateur du jour au lendemain. « C’est un chemin long et laborieux… », affirme Thierry Goguel d’Allondans ; « une voie initiatique », complète Jean-François Gomez. Et de déplorer aussi d’une même voix, en l’occurrence celle de Thierry Goguel d’Allondans, « la déqualification du travail social et des diplômes du travail social ». Alors même que les enjeux du secteur sont immenses, tout y est malmené, estime ce dernier : les formations en amont comme les pratiques en aval, les politiques en haut et les usagers en bas. Mais peut-être, comme l’escompte Jean-François Gomez, « quelques projets pour un travail social en friche » se dégageront des vagabondages théoriques restitués dans cet ouvrage.
Le travail social comme initiation. Anthropologies buissonnières – Thierry Goguel d’Allondans et Jean-François Gomez – Ed. érès – 23 €