Dans la rue Hélène-Lockert, à Amiens, 28 petites maisons individuelles d’une ou deux pièces, sans aucun élément de confort – ni eau chaude, ni chauffage central, ni W.-C. intérieurs –, étaient tellement dégradées que, en 1998, le directeur de l’office public d’aménagement et de construction (OPAC) avait pu les qualifier de « taudis ». A deux pas de là, les huit maisonnettes de la cité Pinsonnat, également propriété de la ville, étaient dans le même état. C’est la métamorphose de toutes ces habitations et, surtout, l’élan redonné à leurs résidents, des personnes isolées en situation de grande précarité, que relate ici Thierry Maricourt, écrivain et animateur d’ateliers d’écriture. Plus que l’opération de rénovation urbaine proprement dite, le grand intérêt du projet réalisé tient en effet à l’aventure humaine constituée par l’accompagnement très soutenu des habitants. Clé du succès de la réhabilitation effectuée en 2000 et 2001, ce suivi n’a pas pris fin avec l’achèvement des travaux. Il a ensuite été pérennisé dans le cadre d’un dispositif « maison relais » (aujourd’hui rebaptisé « pension de famille »), qui constitue une modalité particulière de résidence sociale. « Les pensions de famille accueillaient autrefois des hommes célibataires dans la force de l’âge, qui en général travaillaient », rappelle Thierry Maricourt. Les locataires, hommes ou femmes, de cette pension de famille contemporaine sont aussi des personnes seules, mais fragiles et relativement âgées, qui vivent de minima sociaux. Toutes disposent d’un logement individuel où se maintenir sans limitation de durée et peuvent participer à une pléiade d’activités collectives. Un peu comme un chez-soi dans un chez-nous.
D’une pension de famille, d’aujourd’hui. Maisons relais et habitat adapté – Thierry Maricourt, avec le concours de Yannick Anvroin, Nicole Bernard et Laurent Dambrine – Ed. L’Harmattan – 19 €