Dans la stratégie du « logement d’abord » promue par le gouvernement, le logement d’insertion mériterait d’être revalorisé. Fortes de cette conviction, trois fédérations – la Fédération des associations pour la promotion et l’insertion par le logement (FAPIL), la Fédération des PACT et l’UNAFO (Union professionnelle du logement accompagné) – ont décidé de coordonner leurs actions pour promouvoir une offre adaptée aux ménages en difficulté. « Nous souhaitons diffuser une parole commune pour développer le logement d’insertion, tant en termes de production, de gestion que d’accompagnement des publics », explique Rémi Gérard, directeur général de la Fédération des PACT, précisant que « l’objectif est également de faire valoir l’initiative associative pour répondre à la demande dans les territoires ». De la résidence sociale au logement très social financé en PLAI (prêt locatif aidé d’intégration) en passant par l’intermédiation locative, il s’agit notamment de « réexaminer les dispositifs pour trouver un équilibre économique durable », poursuit-il.
Dans une plateforme commune, les trois fédérations formulent 15 propositions. Pour développer l’offre, elles veulent que soit fixé un objectif de 10 % de PLAI dans les villes soumises à l’article 55 de la loi SRU. Elles souhaitent que soit atteint « rapidement l’objectif de production fixé par le PARSA (plan d’action renforcé en direction des personnes sans abri) de 15 000 places dans les pensions de famille » (moins de 8 000 en 2010 selon la Fondation Abbé-Pierre). Elles demandent également d’augmenter les pénalités pour non-observation du droit au logement et d’en verser une partie aux ménages concernés. Une autre série de propositions vise à « sécuriser les acteurs du logement d’insertion dans leurs missions en confortant leurs moyens ». Parmi elles : réévaluer le montant de l’aide à la gestion locative sociale accordée aux gestionnaires de résidences sociales pour accomplir leurs missions et assurer, « dans un cadre juridique et budgétaire défini, le financement de l’appui à la médiation locative apportée par les organismes agréés pour l’intermédiation locative et la gestion locative sociale ». Depuis la décentralisation, l’Etat s’est retiré du financement de l’aide à la médiation locative, renvoyant cette compétence aux départements. « Celle-ci est devenue optionnelle, même si cette mission apparaît dans le référentiel de l’accompagnement vers et dans le logement et de la gestion locative adaptée », précise Rémi Gérard. Les fédérations demandent également le renforcement de la contractualisation entre les associations et les pouvoirs publics. Un troisième axe de préconisations porte sur « la professionnalisation des acteurs du logement d’insertion », notamment en développant les démarches qualité et les dispositifs d’évaluation des prestations et services rendus.
« Nous allons porter ces propositions et nous assurer qu’elles sont suivies d’effet », assure Jean-Michel David, délégué général de la FAPIL, précisant que la démarche, complémentaire, par exemple, celle de la Fondation Abbé-Pierre, « vise à déterminer les moyens de rendre le DALO effectif ». Les trois fédérations organisaient d’ores et déjà, le 9 juin, une table ronde en présence d’élus, d’Etienne Pinte, président du Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, et d’Alain Régnier, délégué interministériel pour l’hébergement et l’accès au logement des personnes sans abri ou mal logées. A ce dernier, elles devraient par ailleurs présenter un programme visant à rendre la représentation des acteurs du logement d’insertion lisible sur les territoires, à favoriser leurs coopérations et les synergies avec les acteurs de l’hébergement au niveau local et à renforcer la position du logement d’insertion au sein des services intégrés de l’accueil et de l’orientation.