Riches d’une double culture

Depuis 1999, l’association Paroles d’hommes et de femmes (1) recueille la mémoire des migrants pour lui donner des formes accessibles aux enfants et aux adolescents : témoignage dans les classes, expositions, bandes dessinées, etc. Après un premier tome consacré à la Picardie (2), l’association publie Parcours franciliens, une collection de six récits aussi divers que marquants, illustrés par les dessinateurs Hamed Borsali et Kiel. Rien de commun entre le parcours de Chansamone Voravong, enfui du Laos après six ans de captivité dans les camps khmers, celui de Chantal Ernoult-Rakotofiringa, étudiante malgache mariée à un Français, ou l’histoire de Danuta Nowakowska, enseignante polonaise membre de Solidarnosc. Rien de commun, sauf une farouche envie de vivre libre et en sécurité, et un attachement à la France. « Dès lors qu’on est en contact avec d’autres cultures, on ne perd rien, on s’enrichit. Il n’y a aucune confrontation à trouver dans la double culture », affirme Chansamone Voravong. Des témoignages empreints de sagesse, propices au débat et à la réflexion, et adaptés à un jeune public, dans le prolongement du projet intergénérationnel « 100 témoins, 100 écoles » mené par l’association. Depuis 2003, plus de 500 rencontres entre jeunes et migrants francophones ont ainsi été organisées dans huit régions différentes, poussant les élèves à s’interroger sur les difficultés d’intégration, les représentations des migrants, les problématiques Nord-Sud ou leur propre histoire familiale. « Pour moi, les élèves sont les élites de demain, résume Gongo-Soumboulou Koné, Sénégalais naturalisé Français. Ils sont la relève de l’humanité. Il ne faut pas qu’ils se laissent berner par la facilité. »