Les premières pages sont sombres, très sombres, puis, au fil de l’histoire, les cases s’éclaircissent. Car cette bande dessinée raconte le parcours de Roger, un homme qui, après avoir perdu l’espoir de vivre, le retrouve. Si Roger est un personnage imaginaire, dans L’espoir, tout le reste est vrai : à Colmar (Haut-Rhin), il y a près de quarante ans, le pasteur Bernard Rodenstein a créé, avec une soixantaine de personnes, l’association Espoir, en aménageant une vieille bâtisse pour y accueillir les personnes en souffrance. Ce premier lieu d’hébergement devait être temporaire. Finalement, il a fait des petits : un foyer de 24 places qui a hébergé « une cinquantaine de paumés », puis des permanences sociales, le « wagon » (un abri de nuit pour manger et se réchauffer), des ateliers de réinsertion par l’emploi, un service d’aide judiciaire, un service d’assistance aux personnes prostituées, une maison-relais… Durant l’hiver 1980, Roger, qui dort à la rue, se réveille aux côtés de son ami Paul. Celui-ci reste inerte, mort de froid. Au commissariat, où Roger est convoqué, on lui parle d’un wagon pour sans-abri. « Ça faisait longtemps que je n’avais pas eu chaud comme ça et je ne crois pas que ce fut juste à cause du poêle », dit-il après sa première partie de cartes avec des compagnons de galère. Au cours du temps, Roger devient membre d’Espoir à part entière, il est hébergé au foyer et rejoint une équipe de récupération de meubles. Donner à ces vieux objets une nouvelle vie réveille son sentiment d’utilité. Plus loin, on retrouve Roger durant l’été 2010, devenu bénévole à Espoir, qui se remémore les bons et les mauvais moments qu’il a dû traverser pour se réinsérer. Le jeune illustrateur Jak Umbdenstock a écrit le scénario de cette BD avec l’aide de son père, Phil, salarié d’Espoir, sur la base d’anecdotes recueillies auprès des anciens de l’association. S’il définit son style comme « non réaliste », il a pourtant reproduit dans leurs moindres détails les rues et bâtiments de Colmar, et retranscrit subtilement les émotions et la ténacité de chaque personnage.
L’espoir – Jak Umbdenstock (