LIVRE

« CLINIQUE DES PETITS RIENS ». Interpellés par le mouvement général de désinstitutionnalisation, les établissements sociaux et médico-sociaux doivent réaffirmer et promouvoir la spécificité de leurs pratiques, estime Francis Batifoulier, directeur d’une maison d’enfants à caractère social (MECS), qui a codirigé cet ouvrage collectif avec Noël Touya, chef de service dans la même structure. A la représentation d’institutions dotées d’un cadre uniformisateur et enfermant, les professionnels réunis ici s’emploient donc à substituer l’image d’établissements protecteurs et ouverts sur leur environnement, qui savent personnaliser leurs modalités d’accompagnement et s’adapter à l’évolution des problématiques de leurs publics. Cette capacité d’innovation peut, par exemple, prendre la forme d’une diversification des prestations proposées aux familles par une MECS, comme le montre Hervé Rolland, directeur d’un tel établissement. Mais offrir de nouvelles réponses ne signifie pas pour autant négliger celles qui constituent le cœur de métier des institutions. Avec Serge Heuzé, plusieurs membres de l’Association des ITEP et de leurs réseaux (AIRe) mettent ainsi en avant la richesse du « penser “à plusieurs” », c’est-à-dire du travail interdisciplinaire institué, et celle de la « clinique du quotidien ». Dénommée « clinique des petits riens » par Bertrand Lagarde, directeur de deux instituts thérapeutiques, éducatifs et pédagogiques (ITEP), cette attention à l’anodin constitue une possible voie d’accès à la complexité de l’humain. « Il s’agit de prendre conscience de la valeur de notre accompagnement dans le cadre “banal” des actes de la vie quotidienne et de ne pas nous laisser contaminer par cette banalité », analyse Jean-François Costes, fondateur et permanent d’un lieu de vie.