JUSQU’ICI, TOUT VA (PAS) BIEN. Le « bon plan » est devenu traquenard. En 1974, le père de Florent Le Reste décide de quitter Paris pour la banlieue, un petit appartement sans salle de bains pour une HLM confortable. Le voyage en sens inverse sera bien difficile à effectuer pour Florent, gosse blanc des quartiers de Seine-Saint-Denis, qui raconte dans Homeboy une enfance mouvementée. Petites combines, inconscience du danger, racket de places de concerts hip-hop. Les voisins des derniers étages qui jettent les sacs de poubelle par la fenêtre quand les ascenseurs sont en panne. Les terrains vagues qui deviennent bitume. Le sentiment, dès le plus jeune âge, de la précarité, de la quasi-impossibilité à franchir le « périph ».
L’école, vue par Florent, ne laisse pas d’espoir. Classes agitées, profs au rabais. Rapports difficiles avec les autorités, avec les contrôleurs RATP. Le cercle vicieux est dur à briser : étiqueté « jeune de banlieue », Florent se voit systématiquement suspecté. Déjà énervé, ça ne va pas s’améliorer.
C’est le hip-hop que le jeune homme va adopter comme culture identitaire. C’est cette musique qui le construit, par ses valeurs, et lui permet finalement de traverser les années pour s’accomplir. Ce qu’il raconte avec rage, jetant pêle-mêle anecdotes, souvenirs, analyses acerbes et extraits de chansons. « J’habite loin des effets d’annonce », constate Le Reste. « Ici, les blocs portent des noms d’oiseaux ou de cosmonautes russes. » La plume est agile, la phrase rythmée. Le livre aurait gagné à être plus condensé, des choix effectués. Mais il donne ici un aperçu rarement exposé d’une jeunesse prête à imploser.
Homeboy. Du quartier au hip-hop – Florent Le Reste – Ed. Michalon – 17 €