Alors même que les températures hivernales sont restées stables, de plus en plus de ménages affirment souffrir du froid dans leur logement : d’après une étude de l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) (1), ils étaient 11 % au cours de l’hiver 1995-1996 et près de 15 % (soit 3,5 millions de ménages) à l’hiver 2005-2006. Cette proportion atteint même 22 % chez les ménages les plus modestes (c’est-à-dire les 25 % des ménages ayant le plus faible niveau de vie). Ce n’est pas le bâti qui est en cause puisque, globalement, les conditions de logement se sont plutôt améliorées. L’explication se trouve plutôt dans la précarité énergétique, en forte augmentation : en 2006, 21,5 % des ménages indiquaient qu’ils avaient dû limiter leur consommation de chauffage en raison de son coût. Par ailleurs, 3,8 millions d’entre eux (14,4 %) consacraient plus de 10 % de leur revenu à chauffer leur domicile. 621 000 ménages, habitant des logements entraînant de fortes dépenses d’énergie sans protéger du froid, étaient même dans une forme de précarité énergétique « extrême ».
Les ménages modestes ont le taux d’effort énergétique le plus élevé, celui-ci décroissant avec les revenus : de 9,3 % pour les 25 % de ménages les plus modestes, il passe à 2,7 % pour les plus aisés. Sans surprise, ceux qui attribuent leur inconfort thermique à des raisons financières (27 %) ou à une installation de chauffage insuffisante (37 %) sont les ménages les plus modestes ; les ménages aisés citent plus fréquemment une panne de chauffage ponctuelle.
Les inactifs et les chômeurs sont deux fois plus souvent en situation de précarité énergétique que l’ensemble de la population. Pour l’INSEE, le fait de passer plus de temps chez soi peut contribuer à cette sensibilité plus grande au froid, surtout lorsque les logements ne peuvent pas apporter le confort requis. Par ailleurs, davantage de locataires – tant du secteur social (26 %) que du privé (24,5 %) – se plaignent du froid que les propriétaires.
(1) « La précarité énergétique : avoir froid ou dépenser trop pour se chauffer » – INSEE Première n° 1351 – Mai 2011 – Disponible sur