Chaque page de ce roman est un régal. Cora Sledge, l’héroïne de Leslie Larson, vit des aventures extraordinaires : déracinée de son logement, elle rencontre l’amour, surpasse ses capacités physiques, parvient à vaincre son addiction aux anxiolytiques, enquête sur un cambrioleur, avant d’être elle-même accusée de vol. Mais Cora Sledge n’est pas une héroïne comme les autres. Non seulement elle est crue, irrévérencieuse et souvent insupportable mais elle est aussi obèse, dépressive et atteint les 82 ans ! Elle vit en maison de retraite. « Ici on entend hurler à toute heure du jour et de la nuit ou appeler des gens qui sont morts depuis cinquante ans. On se croirait vraiment dans une prison ou un asile de fous. Je n’ai pas plus de droits que si j’avais tué quelqu’un d’une balle dans la tête. Et pendant que je suis cantonnée dans cette horrible petite cellule, des étrangers vivent dans ma maison », écrit-elle dans son journal intime. C’est pourtant dans cet établissement qu’elle dénigre page après page qu’elle va sympathiser avec Marcos, l’infirmier, s’enticher de Vitus, un autre résident, perdre 25 kilos, remettre à plat sa relation avec sa fille et se délester, enfin, de son lourd passé. Le placement aura été son électrochoc. Un an après son entrée, elle note : « Tant de choses se sont passées, je me sens quelqu’un d’autre maintenant, je suis aussi fringante qu’un poney. » Elle mettra toute cette énergie au profit de son unique but : retourner chez elle et retrouver le contrôle de sa vie. Alors que l’on craint que Bons baisers de Cora Sledge se termine de façon attendue – quelle issue pour une histoire mettant en scène une très vieille dame –, chaque page recèle une surprise et, finalement, le titre américain Breaking out of Bedlam se révèle bien plus explicite que celui qui a été choisi pour l’édition française…
Bons baisers de Cora Sledge – Leslie Larson – Ed. 10/18 – 18 €