Montrer sans trop montrer

Noëlle a une quarantaine d’années et en a passé un bon nombre dans une chambre d’hôtel de 10 m², à Paris, avec ses quatre enfants âgés de 4 à 17 ans. Pendant deux ans, Diane Grimonet a photographié son quotidien. Ses clichés, parus dans de nombreux journaux, ont aidé à débloquer la situation de cette mère de famille. Elle est aujourd’hui relogée dans une HLM, mais a du mal à s’adapter à son grand appartement. On ne sort pas si facilement de la précarité… Ce sont 41regards sur la précarité, grands tirages couleurs ou noir et blanc légendés, que la photographe indépendante, qui collabore régulièrement aux ASH, propose dans une rétrospective de son travail depuis 1998. Diane Grimonet connaît tout de la misère humaine : des hôtels insalubres aux squats de clandestins en passant par les sans-abri et les gens du voyage, elle immortalise la détresse extrême. « C’est malheureux, mais un sujet en amène toujours un autre, ça ne s’arrête jamais », lâche-t-elle. Souvent, avant d’appuyer sur le bouton du boîtier, son cœur palpite. « Il faut montrer sans trop montrer. Je ne cherche pas la photo choc », affirme celle qui a du mal à déconnecter une fois son appareil rangé. Pour la première fois, ses photos sociales sont exposées dans une mairie, celle du XIII^e arrondissement de Paris, et non pas dans une galerie d’art. Elle s’en réjouit : « Ça veut dire que, enfin, les politiques s’intéressent à cette problématique ! » Deux rencontres auront lieu durant le temps de l’exposition (entrée libre) : la première, le 30 mai à 18 h 30, avec Florence Aubenas, grand reporter, qui évoquera son travail auprès des personnes alternant emplois précaires et périodes de chômage ; la seconde réunira Jean-Marie Le Guen, député (PS) et adjoint au maire de Paris, et Nicole Maestracci, présidente de la Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale (FNARS), pour débattre sur la situation actuelle du logement.