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« Sensibiliser les professionnels à la détresse psychologique des personnes sourdes »

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L’Unisda (Union nationale pour l’insertion sociale du déficient auditif) rend publique, le 20 mai (1), une enquête mettant en évidence la souffrance psychique des personnes sourdes. Jean-Louis Bosc, son vice-président, plaide pour la création de centres de ressources en santé mentale.

Pourquoi une enquête sur la détresse psychologique (2) des personnes sourdes ?

Pendant des années, nous entendions parler de suicides de personnes sourdes mais aucune étude n’avait identifié ce problème. En 2008, nous avons souhaité réaliser un état des lieux de leur souffrance. Un groupe de travail, créé au sein de l’Unisda, avec l’aide de l’INPES (Institut national de prévention et d’éducation pour la santé) et de TNS-Sofres, a réalisé trois questionnaires : l’un était destiné aux personnes elles-mêmes, les deux autres à leurs proches et aux professionnels des secteurs sanitaire et médico-social.

Plus de 2 800 personnes volontaires ont répondu sur Internet et par écrit, dont 2 080 sont sourdes, malentendantes, acouphéniques ou hyperacousiques (3). 270 professionnels de la santé et du médico-social ont également participé.

Quels sont les principaux enseignements ?

Le phénomène est important puisque 48 % des personnes déclarent être en situation de détresse psychologique, contre 20 % dans la population générale (4). 44 % indiquent avoir pensé mettre fin à leurs jours. La situation est encore plus difficile pour les personnes acouphéniques, qui sont concernées à 55 %. Par contre, seuls 35 % des proches pensent que les personnes sourdes connaissent une détresse psychologique, à tel point qu’on peut se demander s’ils ne sous-estiment pas leurs difficultés.

Quels sont les facteurs de risque ?

Dans l’ensemble, les personnes devenues sourdes seraient plus affectées par les pensées suicidaires que celles sourdes de naissance. D’une part, la détresse psychologique serait plus fréquente dans les trois années qui suivent l’apparition des difficultés d’audition. D’autre part, la fragilité serait accrue pour les jeunes dont le diagnostic est posé au début de l’âge adulte ; les problèmes d’audition ont alors plus d’impact sur la vie sociale et professionnelle. Au contraire, plus les difficultés d’audition apparaissent tard dans la vie, moins la détresse est marquée : la vie professionnelle est moins remise en cause et les difficultés d’audition sont acceptées comme l’une des conséquences du vieillissement.

Les personnes vont-elles chercher de l’aide ?

Près de la moitié des répondants disent ne pas avoir fait appel à un professionnel. Et quand ils le font, 60 % se tournent vers leur médecin généraliste. Les acteurs de santé mais également les enseignants, les éducateurs… jouent un rôle central pour prévenir les difficultés psychologiques aux différents âges de la vie. Ils doivent mieux connaître les spécificités des différents publics (surdité sévère, acouphènes…).

Quelle suite allez-vous donner à cette étude ?

Grâce à ce travail, nous avons la preuve que la détresse psychologique des personnes sourdes et acouphéniques est un risque réel auxquels les professionnels doivent être sensibilisés. Cette enquête constitue un point de départ. Nous souhaitons maintenant créer, au niveau local, des comités rassemblant l’ensemble des acteurs concernés (MDPH, collectivités locales, ARS, associations…) afin de poursuivre cet état des lieux. Chaque comité sera chargé d’identifier localement l’offre de soins et d’accompagnement en matière de santé mentale pour les personnes sourdes et d’améliorer leur prise en charge. Nous souhaitons que soient créés des centres de ressources en santé mentale pour les personnes sourdes. Il en existe actuellement deux à Paris qui peuvent servir de modèle.

Notes

(1) Lors d’une journée de restitution à Paris – www.unisda.org.

(2) La détresse psychologique ou la souffrance psychique correspond à la présence de symptômes anxieux et dépressifs peu intenses, sans être forcément révélateurs d’une pathologie.

(3) Les acouphènes désignent des bruits qui sont entendus « dans l’oreille » ou « dans la tête » sans que ces sons existent dans l’environnement. L’hyperacousie est une intolérance à l’environnement sonore pour des intensités habituellement bien tolérées par le sujet normal.

(4) Selon un rapport du Centre d’analyse stratégique : La santé mentale, l’affaire de tous – Novembre 2009.

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