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La satisfaction au travail meilleure dans l’économie sociale et solidaire

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Si depuis la fin des années 1990 la qualité de l’emploi fait partie des préoccupations des institutions européennes et internationales, peu de travaux s’y intéressent dans le secteur de l’économie sociale et solidaire (ESS) – qui représente près de 10 % de l’emploi salarié en France. Une lacune d’autant plus regrettable que, dans le contexte de crise du capitalisme financier, les organisations de l’ESS – associations, coopératives, mutuelles et fondations –, de par leur gouvernance démocratique et l’absence d’appropriation individuelle du profit, suscitent un regain d’intérêt.

Une recherche menée par le Laboratoire d’économie et de sociologie du travail (LEST) du CNRS (1) – saluée par le CEGES (Conseil des entreprises, employeurs et groupements de l’économie sociale) (voir page suivante) – lève donc le voile sur cette question. Son intérêt est d’abord méthodologique, puisque, si elle prend comme point de départ les indicateurs de Laeken définis par l’Union européenne, elle les a complétés par la mobilisation d’autres bases de données et une enquête sur la qualité de l’emploi dans le secteur des services à la personne dans la région Provence-Alpes-Côtes d’Azur (PACA). Quant aux résultats, ils permettent de mettre en évidence, dans un secteur pointé du doigt ou au contraire salué par sa capacité d’innovation sociale, ses atouts, mais aussi ses fragilités.

Tout d’abord, la recherche fait ressortir l’hétérogénéité du secteur de l’ESS, voire ses contradictions, en dépit de ses valeurs communes et de pratiques originales. Elle relève également son rôle important, en particulier celui des associations, dans l’insertion et l’accès sur le marché du travail des publics fragiles et ses efforts en termes de formation et de développement des compétences. Il apparaît également que l’ESS détruit moins d’emplois que les entreprises privées lucratives, favorisant ainsi le maintien dans l’emploi indépendamment des aléas conjoncturels.

Autre trait majeur, la satisfaction globale au travail y apparaît plus importante qu’au sein du secteur lucratif, alors que les critères objectifs de qualité de l’emploi y sont peu performants : salaires souvent plus bas, surtout dans les associations, embauches en contrat à durée déterminée majoritaires et temps partiels nombreux. Il est vrai que l’ESS concilie mieux la vie familiale et la vie professionnelle et est plus égalitaire : les écarts de salaire entre hommes et femmes y sont moindres que dans le privé lucratif et les horaires moins atypiques. Même si, en milieu associatif, « le temps partiel est plus souvent imposé que choisi, avec des niveaux de rémunération faibles », relève l’étude.

En revanche, sur le plan des pratiques managériales, l’ESS semble aussi avoir moins développé que les organisations publiques et privées lucratives des « bon­nes » pratiques managériales (existence d’une direction des ressources humaines, démarche qualité…). Elle apparaît également à la traîne sur la prévention des risques professionnels, même si les pratiques, avec la signature d’accords, pourraient évoluer. Quant au dialogue social, il est peu organisé. L’étude sur les services à la personne en région PACA montre que 13 organisations sur les 28 rencontrées n’ont aucune instance élue, ni délégation du personnel. Ce qui peut s’expliquer par la faiblesse du collectif de travail : les intervenantes à domicile sont isolées et autonomes, et ont peu d’occasion de se rencontrer. L’étude relève toutefois l’existence d’un dialogue social plus informel à travers les réunions de travail ou les échanges individualisés entre le salarié et la direction, renvoyant d’ailleurs à un modèle paternaliste. Elle note également que ce dialogue existe au niveau des branches professionnelles.

S’ils estiment nécessaires de compléter ces résultats par des analyses ultérieures, les chercheurs formulent plusieurs pré­conisations. Ils invitent ainsi à favoriser la pérennisation des emplois et à formaliser et valoriser des pratiques sociales et managériales innovantes. Relevant les plus faibles scores obtenus par les associations, ils encouragent ces dernières à renforcer leur fonction « employeur » à côté de leur fonction « sociale ». Plus largement, « le projet social et politique des associations n’est pas un substitut à la qualité de l’emploi », souligne la recherche. S’il peut permettre d’accepter des salaires plus faibles, il suppose de renforcer en contrepartie la qualité de vie au travail et des conditions de travail.

Notes

(1) Etude disponible sur www.cresspaca.org/qualite-de-lemploi-actu-76.html.

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