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Avant la conférence nationale, les associations dressent un sombre bilan de la politique du handicap

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« Le secteur du handicap traverse une crise culturelle, budgétaire et sociale », déplore Philippe Calmette, directeur général de la Fegapei (Fédération nationale des associations gestionnaires au service des personnes handicapées). A moins d’un mois de la deuxième conférence nationale du handicap, le 8 juin prochain, 14 organisations gestionnaires d’établissements réunies au sein de la Conférence des gestionnaires (1) dressent « un état des lieux alarmant » du secteur. Leur propos fait écho au discours de Jean-Marie Barbier, président de l’Association des paralysés de France (APF), qui jugeait, le 6 mai dernier, lors du congrès de l’organisation, la politique du handicap « bien mal en point, voire en faillite ».

En premier lieu, les gestionnaires d’établissement sont confrontés, depuis 2010, à des restrictions budgétaires sans précédent. Résultat, « le rythme de progression des créations de places dans les structures, qui était de 3 à 5 % ces dernières années, est, aujourd’hui, proche de zéro », indique Philippe Calmette. Ce dernier précise que les programmes de création de places ne seront exécutés en 2011 qu’à hauteur de 50 % des objectifs initiaux. Pourtant, les besoins augmentent, et 100 000 personnes handicapées (soit 20 %) n’ont actuellement pas de solution d’accompagnement.

Autre inquiétude : les difficultés des entreprises adaptées qui se sont vues supprimer 500 aides aux postes en 2011 (2), une « aberration économique », selon les organisations, dans la mesure où le coût de l’aide au poste est inférieure au coût d’une personne handicapée au chômage.

La formation professionnelle des travailleurs handicapés n’est pas non plus épargnée, puisque l’enveloppe destinée aux stagiaires des centres de réadaptation professionnelle risque de connaître une baisse de 7 % en 2011 (3). « Si cette mesure était appliquée, elle rendrait inaccessible l’entrée en réadaptation professionnelle de personnes qui ont besoin d’une formation qualifiante pour accéder à l’emploi », indique la Conférence des gestionnaires.

La faible augmentation de la masse salariale pour le secteur en 2011 (1 %) ne peut que « dévaloriser la professionnalisation » et porter préjudice à l’attractivité des métiers. Alors que « certaines associations commencent à arbitrer sur le niveau d’emploi », la Conférence des gestionnaires craint qu’« un malaise social » s’installe, menaçant directement l’accompagnement.

Les associations pointent, par ailleurs, les difficultés des personnes handicapées à vivre à domicile, d’une part parce que les services connaissent de graves difficultés financières, mais aussi parce que la prestation de compensation du handicap ne tient toujours pas compte des activités domestiques. De plus, « on constate, depuis quelques mois, que les plans d’aide ont tendance à diminuer », ajoute Emmanuel Verny de l’UNA (Union nationale de l’aide, des soins et des services aux domiciles).

Au final, la Conférence des gestionnaires demande au président de la République de « mener à son terme la politique du handicap ambitieuse qu’il avait promise » en 2008, lors de la première conférence nationale du handicap. Il est, selon elle, « socialement nécessaire » mais aussi « économiquement rationnel » d’investir aujourd’hui dans l’accompagnement des personnes handicapées (à l’école et dans la formation) pour leur permettre de devenir des citoyens à part entère, « acteurs et créateurs de richesse ». L’effort en matière de financement de modes diversifiés d’accompagnement et d’accueil reste indispensable, « même en période de rigueur ».

En matière de propositions concrètes, la Conférence renvoie au rapport du Conseil national consultatif des personnes handicapées (CNCPH), qui doit être rendu public avant la conférence du 8 juin. Elle vient, parallèlement, de mettre en place six groupements de priorités de santé (GPS) sur différentes thématiques (scolarisation, accès à l’emploi, accès à la cité et protection juridique, vieillissement des personnes handicapées, autisme et handicap psychique) afin de faire des propositions.

Au-delà des enjeux liés à l’offre de service, à l’emploi ou à la scolarisation, Jean-Marie Barbier, lors du congrès de l’APF, a manifesté son inquiétude sur le retard pris en matière d’accessibilité et sur l’insuffisance des ressources allouées aux personnes handicapées. Dans l’ensemble, les organisations demandent au gouvernement de faire davantage d’efforts pour rendre la société plus « inclusive », ce qui n’est toujours pas le cas, malgré les avancées inscrites dans la loi « handicap » de 2005.

Notes

(1) La Fegapei, l’ADAPT, l’Agapsy, l’Aire, l’Alefpa, APF, CNAPE, la Fagerh, la FEHAP, la Fisaf, le GEPSo, le GRATH.

(2) Voir ASH n° 2705 du 15-04-11, p. 28.

(3) Selon une information de la délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle – Voir ASH n° 2698 du 25-02-11, p. 31.

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