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« Il faut améliorer les compétences des managers de l’économie sociale et solidaire »

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Si les salariés des entreprises de l’économie sociale et solidaire (ESS) semblent plus satisfaits au travail que ceux du secteur privé lucratif, plusieurs enjeux restent à relever, reconnaît Guillaume Legaut, délégué général du CEGES (Conseil des entreprises, employeurs et groupements de l’économie sociale) (1), qui réagit à la recherche menée par le Laboratoire d’économie et de sociologie du travail du CNRS (voir page 23).

Pourquoi cette étude vous semble-t-elle intéressante ?

Il suffit de lire les journaux : la démotivation des salariés, le stress, les suicides au travail…, la qualité de l’emploi est une question clé dans notre société. Or cette étude a cherché à comparer celle-ci dans les organisations de l’économie sociale et solidaire (ESS) et dans les autres entreprises. Ses résultats montrent que, d’une manière générale, les 2,3 millions de salariés de l’ESS sont plutôt plus satisfaits dans leur emploi que ceux du secteur privé. L’ESS joue un rôle important dans l’insertion et l’accès sur le marché au travail des publics fragiles ou considérés comme prioritaires (jeunes, femmes sans activité professionnelle, demandeurs d’emploi et chômeurs de longue durée); elle permet également la formation et le développement des compétences et favorise davantage la conciliation de la vie familiale et de la vie professionnelle.

Cette recherche apparaît novatrice sur le plan de la méthodologie adoptée…

Définir et mesurer la qualité de l’emploi est une question très délicate.

Des travaux existaient sur la base des indicateurs de Laeken définis par l’Union européenne, à savoir la rémunération et autres avantages liés au travail, la santé et la sécurité, la formation, la flexibilité et la sécurité de l’emploi… Avec de tels critères, les plus-values qui font la satisfaction au travail dans l’ESS sont totalement occultées : les finalités sociales du projet, l’entreprise, le dialogue démocratique en son sein, un réinvestissement dans le projet collectif de la richesse produite, la prise en compte de la conciliation entre vie familiale et personnelle des salariés et le développement des compétences. Il y a un vrai enjeu aujourd’hui à permettre aux entreprises de mesurer leur progression au regard d’autres indicateurs. D’où l’intérêt de cette étude qui a combiné une analyse quantitative et une enquête qualitative.

Les chercheurs font un certain nombre de préconisations. Quelles leçons en tirez-vous ?

La recherche pointe le challenge à relever pour le secteur de l’économie sociale et solidaire de mieux faire connaître sa capacité à créer des emplois pérennes et pas seulement des emplois d’insertion à visée réparatrice. Il y a aussi un enjeu de professionnalisation de la fonction « employeur »: il faut améliorer les compétences des managers de l’ESS. On en est bien conscient, et les organisations du CEGES ont commencé à développer une offre de formation en ce sens. Quant au dialogue social, l’étude dit que c’est le « parent pauvre » de l’ESS. En réalité, il existe un dialogue social informel dans les petites associations. Pour ce qui concerne les syndicats d’employeurs, c’est un sujet que l’on souhaite travailler avec le GEMA (Groupement des entreprises mutuelles d’assurances), l’Unifed (Union des fédérations et syndicats nationaux d’employeurs sans but lucratif du secteur sanitaire, médico-social et social) et l’Usgeres (Union de syndicats et groupements d’employeurs représentatifs dans l’économie sociale). Cela a déjà commencé avec l’accord sur la prévention des risques psychosociaux signé par l’Usgeres en 2010 (2).

Notes

(1) Le CEGES, à la fois mouvement et syndicat d’employeurs, regroupe les entreprises, employeurs et organisations de l’économie sociale et solidaire – CEGES : 24, rue du Rocher – 75008 Paris – Tél.01 42 93 56 08 – contact@ceges.org – www.ceges.org.

(2) Voir ASH n° 2700 du 11-03-11, p. 13.

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