Il y a deux ans, Bernard Grandjean nous avait déjà enchantés avec ses souvenirs d’éducateur en foyer d’accueil pour déficients mentaux dans Les belles années (1). Dans cette nouvelle BD au titre tout aussi classique, il nous relate une autre histoire qui s’est déroulée dans les années 1970 aux Acacias… une histoire d’amour ! Celle de Nono et Lucy. Nono, psychotique, a du mal à parler et « fait l’avion » ; Lucy a des troubles du comportement et une fâcheuse tendance à appeler SOSAmitié pour se confier sur tout et rien. Nono est sous l’emprise de son amoureuse. Un jour, celle-ci vole un livre, Les océans et les mers de France, et ne rêve alors plus que d’une chose : partir avec Nono voir l’océan. Leur fugue, initiée par la jeune fille au tempérament aventurier, est au centre du récit. Besoin de temps libre, ras-le-bol de vivre au rythme de la prise de médicaments et du travail à l’ESAT, envie d’intimité en dehors de l’institution… peu importe ce qui motive Lucy, elle sait ce qu’elle veut et elle y parviendra. Les deux fugueurs entreprennent le voyage de leur vie : c’est la liberté retrouvée, l’amour enfantin, le plaisir de se jeter à l’eau… dans tous les sens du terme. Un amour simple est une « fiction » selon l’éditeur, mais l’histoire se révèle fortement inspirée du vécu de Bernard Grandjean, tant les émotions des personnes handicapées mentales et le quotidien – chaotique – des éducateurs spécialisés sont retranscrits avec justesse.
Publiée dans un format livre, cette longue bande dessinée (250 pages) en bichromie noir-bleu se lit d’une traite. L’aventure des deux héros est haletante, jouissive même, bien qu’elle se termine sur une note sombre, mais sans pathos.
Un amour simple – Bernard Grandjean – Ed. La boîte à bulles, coll. « Contre-jour » – 18 €