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« Les formations sociales se pensent en dehors des praticiens »

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Dans une déclaration écrite (1), l’ANAS, l’ONES et France ESF (2) réagissent au projet relatif aux « orientations pour les formations sociales 2011-2013 » (3), qui a reçu l’aval du Conseil supérieur du travail social (CSTS). Elles estiment que les praticiens sont écartés du débat, comme l’explique Jean-Marie Vauchez, président de l’ONES.

Pourquoi cette déclaration, alors que le CSTS a approuvé ces orientations ?

C’est un coup de colère destiné à dénoncer le fait que les formations sociales et leur devenir se pensent en dehors des praticiens, ce qui est paradoxal ! Si le CSTS a été consulté, les associations professionnelles n’y sont pas représentées en tant que telles, de même qu’elles n’ont aucun siège à la commission professionnelle consultative du travail social et de l’intervention sociale. Nous nous sentons exclus d’un débat qui nous concerne au premier chef. Nous le vivons d’autant plus mal que les décisions prises par les pouvoirs publics semblent davantage liées à des logiques européennes ou financières que portées par un véritable projet et une saine concertation.

En quoi l’Europe a-t-elle un impact négatif sur les formations ?

La perspective de l’harmonisation européenne liée aux exigences de la validation des acquis de l’expérience a pesé sur la réforme des diplômes. Depuis 2007, la formation au diplôme d’Etat d’éducateur spécialisé est structurée autour de domaines de compétences sans qu’il n’y ait plus de référence à une posture éducative. Les nouveaux diplômés sont incollables sur les évolutions législatives, la conception et la conduite du projet éducatif, mais ils sont mal préparés à réagir face à un adolescent ayant des troubles du comportement ! On constate un fossé grandissant entre la formation portée par une vision technocratique du métier et la relation éducative telle qu’elle se vit au quotidien. Tout cela participe d’ailleurs d’une partition de l’action éducative réservant la coordination des projets aux éducateurs spécialisés et l’accompagnement aux aides médico-psychologiques et aux moniteurs-éducateurs avec des arrière-pensées de réduction des coûts.

Point positif, tout de même, le ministère, dans son document, conforte l’alternance…

C’est un minimum ! Il y a une dimension clinique indispensable dans nos métiers. Accepterait-on qu’un médecin se forme uniquement dans les livres ? Ce discours est toutefois en décalage avec la réalité du terrain. Le sens même du stage est remis en cause par les difficultés liées à la gratification (4). Sachant qu’au-delà des questions financières, l’accueil de stagiaires est vécu comme une contrainte supplémentaire pour les employeurs. Ceux-ci n’ont guère d’énergie à lui consacrer alors qu’ils sont accaparés par l’évaluation interne et les appels à projets. Je regrette qu’il n’y ait pas une prise de conscience du ministère sur la nécessité de marquer une pause dans cette course en avant dans les réformes.

Le ministère ne se prononce pas non plus sur la reconnaissance des diplômes de niveau III au grade de la licence…

Son refus est d’autant plus illogique qu’il se prononce pour l’application du système européen de crédits pour nos formations. On sait bien que ce blocage tient aux incidences budgétaires liées au passage en catégorie A des travailleurs sociaux de la fonction publique, qui serait le point de départ d’une évolution des salaires dans le secteur associatif. Mais ce que nous dénonçons aussi, c’est le refus de reconnaître la valeur de nos trois années d’études, notamment les temps de formation pratique. Quel message pour les professionnels alors que le ministère évoque leur expertise, leur engagement et leur besoin « d’un certain degré d’autonomie » ?

Vous regrettez également le silence sur la précarité des étudiants…

La gratification, dont on voit bien les effets délétères, est une très mauvaise réponse à un phénomène préoccupant. Certains étudiants sont en très grande difficulté et doivent travailler comme veilleurs de nuit pour payer leurs études, ce qui nuit à leur scolarité. Il faudrait réfléchir aux moyens de lutter contre cette précarité en réformant, par exemple, le système des bourses.

Notes

(1) En ligne sur www.anas.fr et www.ones-fr.org.

(2) Association nationale des assistants de service social, Organisation nationale des éducateurs spécialisés, France Economie sociale familiale.

(3) Voir ASH n° 2703 du 1-04-11, p. 22.

(4) Voir la rubrique « Vos idées », ce numéro, p. 28.

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