Depuis l’installation des ARS en avril 2010, les syndicats alertent sur le malaise des personnels. Comment réagissez-vous ?
Cette situation est commune à l’ensemble de l’administration territoriale qui connaît, depuis la révision générale des politiques publiques, une réforme de structure de grande ampleur. Nées de la fusion de près de dix structures, les ARS rassemblent des agents des anciennes directions régionales et départementales des affaires sanitaires et sociales, de l’assurance maladie et des ex-agences régionales de l’hospitalisation. Certains d’entre eux, qui travaillaient dans de tout petits services d’une dizaine de personnes, se retrouvent dans des structures qui en rassemblent plusieurs centaines. Ce n’est pas la même vie professionnelle. Avant, un cadre de catégorie A était dans une très grande proximité avec son directeur ; aujourd’hui, les relations sont moins directes. Le malaise exprimé par les personnels tient d’abord au regroupement des structures, qui nécessite une adaptation des organisations et des modes de management.
Comment améliorer la situation ?
Parmi leurs objectifs, les ARS devaient revoir l’ensemble des fiches de postes, qui permettent à chaque agent de savoir quelle est sa fonction et sa place dans la nouvelle organisation. Cela a pris du temps mais, aujourd’hui, la quasi-totalité des fiches sont réalisées. Par ailleurs, nous mettons l’accent sur la communication interne pour lutter contre le sentiment d’éloignement des centres de décision. Cela passe, entre autres, par la diffusion des relevés de décisions du comité exécutif et le développement des réunions d’encadrement intermédiaire. Nous travaillons aussi sur les relations entre le siège des ARS et les délégations territoriales.
Le 7 avril, vous avez présenté aux organisations syndicales un plan d’amélioration des conditions de travail…
Oui, il prévoit notamment le lancement, avant l’été, d’une enquête – du même ordre que l’enquête SUMER (surveillance médicale des risques) – auprès des agents, qui permettra de mieux connaître leur ressenti sur leurs conditions de travail (2). Ce plan rappelle aussi les obligations réglementaires liées à la santé au travail (médecine du travail, réunion du CHSCT…) et prévoit la mise en place d’un dispositif de formation à la détection et à la prévention des risques psychosociaux. A partir de celui-ci, chaque ARS déclinera, avec son comité d’agence, des actions d’après son propre diagnostic.
Quelle est la fonction des comités d’agence ?
C’est la grande instance de concertation entre la direction et les représentants du personnel dans chaque ARS. Les comités viennent d’être installés et ont vocation à être consultés sur les actions menées au plan de la gestion des ressources humaines. Ayant à la fois les missions des comités techniques paritaires de la fonction publique de l’Etat et celle des comités d’entreprise, ils vont être des instances clés dans le dialogue social. Sachant que ces comités seront relayés au plan central par un comité national de concertation. La culture commune se crée au quotidien dans la communauté de travail, dans la participation collective à un projet commun.
L’une de difficultés tient à la diversité des statuts des personnels…
Chaque agent conserve son statut de fonctionnaire ou relevant de la convention collective de l’assurance maladie. L’harmonisation passe par la concertation locale sur les conditions de travail et la conclusion d’accords locaux, notamment sur le temps de travail. Le fait que les ARS intègrent dans les mêmes services des personnes venant de cultures différentes est une richesse. L’identité des ARS est en train de se construire et je suis confiante.
(2) Renouvelée régulièrement, l’enquête SUMER est une étude transversale copilotée par la DARES et la direction générale du travail.