Des photos ? Une bande dessinée ? Difficile de cataloguer les « Story bord de vie » de Franck Boucher (1). Lui-même les qualifie de « photos-graphies ». Pour réaliser ces œuvres où des SDF – « sans devenir fixe » – sont immortalisés dans un univers unique, Franck Boucher a photographié en studio ses amis sans papiers, gens de la rue ou marginaux, rencontrés dans un bar associatif de Tours (Indre-et-Loire). Puis il leur a demandé d’écrire un scénario dont il s’est inspiré pour dessiner, autour des images détourées, un univers ludique et chatoyant à l’aide d’un logiciel de traitement d’images. La touche finale fut la rédaction de textes racontant leur parcours. En pimentant le tout d’un zeste d’humour, en faisant d’eux les héros de leur vie, le photographe parle de « photo médicament ». « Car mon premier public c’est mon sujet. Les prendre en photo de cette façon les valorise. Tous ces gens souffrent d’une image galvaudée – faite d’oripeaux et de sac à puces – dont les médias nous abreuvent. » Dans « Story bord de vie », il y a Didier et Pascal, qui font la manche sous les projecteurs ; Mousse, qui se met à l’abri du froid dans un lavomatique magique ; Jérôme, qui s’imagine en tête de peloton du Tour de France ; ou encore David, qui rêve de marcher sur la lune dans un décor à la Tintin. L’objectif de Franck Boucher de faire de ses modèles « les ambassadeurs de leur situation, en révélant leur beauté et en exprimant leur humanité » est atteint.
Le projet sur les SDF a pris trois ans et a donné naissance à une nouvelle forme de travail, un style propre à l’artiste, mélange de l’imaginaire des autres et du sien. Cette année, il a reproduit cette méthodologie avec un tout autre public : des élèves de classes de CM1 et CM2 d’une école de Sarcelles (Seine-Saint-Denis), auprès desquels le photographe-plasticien a animé des ateliers sur l’apprentissage de l’utilisation d’un appareil photo numérique et sur les bases de la retouche d’image. Il leur a permis d’exprimer une vision personnelle de leur ville, leur quartier, leur environnement familial, social, leur vie, puisque cette fois-ci, ce sont les enfants qui ont manié les crayons de couleur. Ensemble, ils ont créé une œuvre de 40 toiles, « Sarcelles M Life ».
Ces deux travaux d’envergure sont exposés au Festival international de la photographie sociale PhotSoc 2011, aux côtés des œuvres de Lizzie Sadin – son travail dans les prisons pour mineurs (2) –, de Rocco Rorandelli, de Vincent Bisot, de Sanja Knezevic, de Gaëlle Girbes, d’Andréa Vamos, de Christine Bergougnous, de Bernard Demenge et d’Agnès Desfosses.
« Story bord de vie » et « Sarcelles M Life » – Festival international de la photographie sociale PhotSoc 2011 – Du 30 avril au 15 mai, à Sarcelles et à Villiers-le-Bel –