Un homme court dans la nuit. Il est noir, jeune, à bout de souffle. Sans papiers. Sur les quais du port de Sète, il tente d’échapper aux contrôles de police. A la lumière des gyrophares, des agents menottent d’autres clandestins qui ont eu moins de chance. Fabienne Bourrier (Catherine Frot) est aussi à bout de souffle. Capitaine de police, elle partage son temps entre sa mère malade et la chasse aux sans-papiers. Jusqu’au jour où la mort d’Olga, une jeune prostituée à la carte de séjour trafiquée, fait ressurgir une capacité d’empathie qu’elle croyait enfouie. Avec la même détermination qu’elle mettait à traquer les clandestins, elle se lance à la recherche du fils d’Olga.
Tourné à Sète (Hérault) et à La Seyne-sur-Mer (Var), Coup d’éclat, le nouveau film de José Alcala, montre un Sud sale et venteux, où les ouvriers démontent les machines de leurs usines pour les envoyer en Turquie, où les travailleurs pauvres vivent en mobile-home, où les policiers ploient sous la pression du chiffre, comme un écho au Nord brumeux du Welcome de Philippe Lioret (1). « Je me fie toujours à la réalité pour raconter des histoires, affirme le réalisateur. Pour Coup d’éclat, j’ai beaucoup traîné dans les bars des ports, et surtout dans les campings, chez les gens qui y vivent à l’année. » Une réalité palpable, notamment grâce à un important travail sur le son : cliquetis des claviers des policiers rédigeant leurs procédures, bruit métallique des machines désossées dans l’usine délocalisée… Sans chercher à démontrer, sans faire de son film un objet militant, José Alcala livre avant tout un polar sur fond de violence sociale, mais aussi l’histoire brute d’une femme âpre et cassante dont l’humanité renaît.
Coup d’éclat – José Alcala – 1 h 32 – Avec Catherine Frot, Karim Seghair, Marie Raynal – Dans les salles