Si le droit à la scolarisation en milieu ordinaire, inscrit dans la loi du 11 février 2005, apparaît comme « un idéal » par la plupart des chefs d’établissements et des élèves concernés, ces deux publics ont-ils le même jugement sur sa mise en application ? En 2008, la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (HALDE) avait réalisé un sondage sur l’inclusion scolaire dans les établissements du premier degré (1). En 2010, cette opération a été reconduite au sein des collèges, avec le soutien de la caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) (2).
58 % des directeurs d’école et 90 % des principaux de collège se disent confrontés à la question de la scolarisation effective d’élèves en situation de handicap ou ayant des troubles de santé invalidant. Ils se disent spontanément bien informés sur la loi « handicap », même s’ils ne sont pas d’accord avec toutes ses dispositions. Pour réussir une scolarisation en milieu ordinaire des enfants en situation de handicap, les principaux des collèges sont favorables aux formations spécifiques des enseignants mais seuls 54 % en ont déjà demandé pour leur établissement. Selon l’étude, cela montre que cet enjeu « n’est pas prioritaire ».
Les trois quarts des chefs d’établissements font appel à des auxiliaires de vie scolaire (AVS) ou à des faisant fonction pour accompagner les élèves. L’accessibilité des locaux (47 % des écoles et 61 % des collèges) et l’adaptation des outils pédagogiques (37 % des écoles et 65 % des collèges) facilitent également leur accueil. D’ailleurs, ce sont ces éléments que 58 % des directeurs et 44 % des principaux ne comptant pas d’élèves handicapés parmi leurs effectifs mettent en avant pour justifier qu’il leur serait « difficile de les accueillir ».
Quant aux collégiens concernés, 83 % sont satisfaits de l’organisation de leur scolarité – ceux ayant une déficience intellectuelle le sont le moins (28 %). La majorité des collégiens handicapés met néanmoins en avant des freins pour suivre les cours et les comprendre et la difficulté à participer aux cours d’éducation physique et sportive (37 %) ou à se faire des amis (32 %). Malgré cela, 74 % d’entre eux ne souhaitent pas être scolarisés autrement. 92 % des élèves interrogés déclarent même qu’il est « important », voire « très important », pour eux d’être scolarisés dans un collège ordinaire. Mais 25 % d’entre eux aimeraient être davantage accompagnés par les AVS.
L’enquête se poursuivra par une interrogation des parents des collégiens et des entretiens qualitatifs avec des enfants et des professionnels œuvrant en faveur de l’inclusion scolaire.
(2) L’Institut CSA a interrogé 300 principaux de collèges, 501 directeurs d’écoles maternelles et primaires et 308 élèves. – Disponible sur