Le nombre d’actes et de menaces à caractère raciste, antisémite et xénophobe a enregistré une « chute nette » en 2010 par rapport à l’année précédente. Les faits visant la communauté musulmane ont toutefois connu une « augmentation notable » et des enquêtes d’opinion montrent que la tolérance recule. Tels sont les principaux enseignements du rapport annuel de la Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH), rendu public le 12 avril (1).
D’après ce document, qui s’appuie sur les statistiques du ministère de l’Intérieur, l’année 2010 a connu 165 actions et 721 menaces racistes, et 131 actions et 335 menaces antisémites. La somme de ces actes et menaces s’est ainsi élevée à 1 352 (contre 1 841 en 2009), ce qui représente une baisse de 26 % par rapport à 2009.
En examinant dans le détail les données relatives aux actes et menaces à caractère raciste, la CNCDH a constaté que les Maghrébins en ont été les principales victimes, ce qui confirme les résultats des années précédentes. « A ces violences commises à raison de l’appartenance réelle ou supposée à une “race” [se sont ajoutés] des actes commis à raison de l’appartenance réelle ou supposée à la religion musulmane, les deux pouvant coïncider », souligne le rapport. En outre, « concernant les faits spécifiquement antimusulmans, 13 mosquées ou lieux de culte ont été attaqués (contre 6 seulement en 2009) ». Ces données ne démontrent toutefois qu’une tendance, insiste la CNCDH, pour qui les évolutions constatées « ne sont pas suffisamment significatives pour que l’on puisse en déduire un véritable changement ». Il ne lui semble également pas possible d’affirmer, comme le fait le ministère de l’Intérieur dans les documents qu’il lui a fournis, que « l’augmentation notable des faits visant la communauté musulmane est le résultat de l’impact sur une certaine frange de la population des débats de société sur la construction des minarets, le port du voile intégral et l’identité nationale ». La Commission juge toutefois nécessaire de veiller à ce que ces différents débats publics n’aient pas pour résultat de faire augmenter des sentiments de méfiance à l’égard de cette religion… comme semblent l’indiquer les résultats des « études quantitative et qualitative » qu’elle a par ailleurs intégrées dans son rapport annuel.
Des enquêtes qui viennent confirmer un constat déjà établi en 2009 : l’islam et les musulmans souffrent d’une perception négative de la part des personnes interrogées. Plus globalement, sans aller jusqu’à parler d’une véritable montée de l’intolérance en France, la CNCDH ? estime que la lecture des résultats des sondages « ne donne pas une vision très optimiste des attitudes des personnes vivant en France vis-à-vis du racisme ». « Le phénomène est banalisé, les immigrés et les musulmans sont perçus de manière plus négative que par le passé et le système d’intégration à la française est remis en cause, tout comme la possibilité d’un “vivre-ensemble”, face à la montée des revendications communautaristes », indique-t-elle. Dans ce contexte, l’instance recommande au gouvernement d’être particulièrement vigilant quant aux discours politiques sur l’immigration, l’intégration ou portant sur des populations particulières.
(1) La lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie – Année 2010 – Disponible sur