C’est une première depuis l’élection de Nicolas Sarkozy en mai 2007. Alors que, jusqu’à présent, pour le gouvernement, il n’était question que de lutter contre l’immigration « subie » – autrement dit l’immigration clandestine – par opposition à une immigration « choisie » basée sur le travail, le ministre de l’Intérieur et de l’Immigration a annoncé le 8 avril, dans un entretien accordé au Figaro magazine, qu’il entendait réduire le nombre de personnes admises au titre de l’immigration du travail. Claude Guéant souhaite également continuer à réduire le nombre d’étrangers venant en France au titre du regroupement familial, qui ne représente plus que 15 000 titres de séjour par an. Enfin, il a demandé « une étude » pour revoir éventuellement la procédure d’asile. En la matière, « notre pays est plus généreux, malgré les restrictions apportées, que l’Allemagne ou le Royaume-Uni, alors que nous appliquons les mêmes conventions internationales ». « S’il apparaît des anomalies dans nos pratiques, des modifications interviendront », a-t-il prévenu.
Le ministre a confirmé ce virage politique le 12 avril au Sénat où il défendait le projet de loi sur l’immigration, actuellement discuté en seconde lecture. « Nous devons aujourd’hui nous poser la question d’une nouvelle étape dans la maîtrise de l’immigration légale », a-t-il insisté, annonçant qu’il ferait « dans les prochains jours » des « propositions de réduction du nombre de titres de séjour délivrés chaque année ». Sans donner plus de détails.
Quelques jours plus tôt, le secrétariat général du comité interministériel de contrôle de l’immigration transmettait aux présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat son traditionnel rapport sur les orientations de la politique de l’immigration et de l’intégration (1), qui présente les données statistiques relatives à l’année 2009 (2) : maîtrise des flux migratoires, demande d’asile, intégration et acquisition de la nationalité française, politique de développement solidaire, immigration en outre-mer. Globalement, indique ce rapport, le nombre de premiers titres de séjour délivrés en France métropolitaine à des ressortissants de pays tiers s’est élevé cette année-là à 193 400, soit une progression de 5,2 % par rapport à 2008.
Autre constat : si on a assisté à une légère progression de l’immigration familiale (+ 1,4 % par rapport à 2008) – liée principalement à l’entrée de conjoints de Français –, les données relatives plus spécifiquement au regroupement familial – qui concerne les familles d’étrangers – montrent en revanche une baisse du nombre de personnes admises en France à ce titre (- 12,7 %). Une baisse constatée également du côté du nombre des cartes de séjour temporaire délivrées pour raison professionnelle (15 938 titres délivrés en 2009 contre 21 260 l’année précédente).
Enfin, le rapport montre également une progression de l’immigration étudiante (+ 11,7 %).
(1) Les orientations de la politique d’immigration et de l’intégration – Secrétariat général du comité interministériel de contrôle de l’immigration – Mars 2011 – Disponible sur
(2) La consolidation des statistiques imposant un délai, il faudra attendre l’an prochain pour avoir les données officielles de 2010.