MEURTRES EN EAUX TROUBLES. Un jeune homme d’origine turque retrouvé empalé sur la pointe centrale du tourniquet pour enfants du parc des Buttes-Chaumont ; un vieillard brûlé vif après avoir été torturé découvert sous sa tente… Des exécutions barbares touchent depuis quelques jours des victimes sans défense, sans adresse, sans attache : les sans-domicile fixe. L’œuvre d’un psychopathe ? Une vengeance cruelle ? Des nervis s’attelant au « nettoyage ethnique de la pauvreté » à Paris ? Devant l’inefficacité de la police, Talula, jeune SDF, et Tony Berling, détective privé, mènent l’enquête. Le lecteur se lance bien volontiers à leur suite dans cette sordide affaire. Très vite, on se rend compte que les crimes sont la reproduction de rites sanglants relatés par le professeur Samuel Goldberg dans son traité d’anthropologie. Ledit professeur étant devenu, depuis sa sortie de prison, un résident permanent du « village », le camping sauvage des sans-abri du canal Saint-Martin… C’est un polar très noir qu’Antoine Blocier nous offre ici. Outre une intrigue classique pleine de rebondissements et de cruauté, l’auteur propose une description précise du milieu des SDF du Xe arrondissement de Paris – dont le quotidien, à l’instar du canal devant eux, est « grisâtre et malodorant » – et des associations qui leur viennent en aide. Un roman certes parfois un peu alambiqué, mais qui a le mérite d’être ancré dans l’actualité en racontant comment « les déchets de la société se rebiffent ».
Camping sauvage – Antoine Blocier – Ed. Krakoen – 12 € –