Marcel Cassou est de garde cette nuit-là. Quand André sonne, désemparé. Il n’arrive pas à faire entrer tous les vêtements dans sa petite valise. Il est persuadé qu’il part prendre le train. André a travaillé toute sa carrière à la SNCF. Le professionnel le calme, André se recouche… Un jour de légère dépression, Florence confie qu’elle a de plus en plus de mal à s’endormir. Marcel propose d’aller lui raconter une histoire. « Le problème, c’est que mon lit n’a qu’une place », répond la vieille dame en roulant des yeux. Marcel change de sujet…
Marcel Cassou et son épouse ont été pendant huit ans responsables d’une résidence avec services pour personnes âgées valides et semi-valides. Pas une grande maison de retraite, plutôt une pension de famille, avec une trentaine d’appartements meublés, une grande salle à manger et une salle de détente, proche du centre-ville. Dix employés s’occupaient du quotidien des résidents, que Marcel Cassou entreprend de raconter dans ce court livre fait de portraits et d’anecdotes. Il a dû en passer, du temps à discuter avec eux. Et aujourd’hui, il se remémore le passé de chacun, leurs cauchemars, leurs fantômes. Avec une prédilection pour les répliques plus ou moins croustillantes des messieurs.
Les observations de Marcel Cassou sur le fonctionnement de la résidence font davantage l’intérêt du livre. La gestion du personnel, le rapport des personnes âgées aux médicaments, les fêtes… Mais également les conflits, suscités par exemple, pour les résidents en chaise roulante, par l’attente, après le déjeuner, pour être remontés dans les étages par le personnel. Marcel Cassou termine en évoquant le rapport à la mort. Et l’oubli rapide des résidents disparus. « Volontairement ? Inconsciemment ? », interroge-t-il…
Denise, Paul, Suzanne et les autres – Marcel Cassou – Ed.Pétrarque – 12 € –