Une étude sur l’intégration des mineurs isolés étrangers reconnus réfugiés

En 2009, 103 mineurs isolés étrangers ont obtenu le statut de réfugié (1). C’est sur ces jeunes que s’est penché l’Observatoire de l’intégration des réfugiés de France terre d’asile, dans une étude qui examine leurs parcours d’intégration (2). S’appuyant sur leurs témoignages, et sur ceux des professionnels qui les accompagnent, l’enquête dresse le profil particulier de ces mineurs séparés de leurs parents, fuyant les persécutions dans leur pays, qui ont obtenu une protection de l’Etat français. En tant que réfugiés, leur droit à vivre en France est assuré sur le long terme, et ils bénéficient des mêmes droits sociaux que les nationaux. Premier constat, leur prise en charge par l’aide sociale à l’enfance (ASE) constitue « le socle » sur lequel leur intégration peut se construire. Accueillis dans des structures de droit commun, ils y reçoivent le même accompagnement que les jeunes Français. Quelques départements ont cependant mis en place des structures d’accueil dédiées à ce public, à l’instar du Calvados, qui dispose d’un « service d’accueil des mineurs isolés étrangers ».

L’étude montre que ces jeunes, qui vivent en France depuis plusieurs années, « ont parfaitement acquis les codes de la société française, ont tissé les liens et ont appris l’autonomie au sein du pays d’accueil ». Ils n’en demeurent pas moins « vulnérables, privés d’un véritable entourage familial et fragilisés psychologiquement par leur vécu dans le pays d’origine et durant l’exil », nuancent les auteurs. Même avec un statut protecteur, cette vulnérabilité peut constituer un frein à l’intégration et les témoignages des professionnels montrent que la question de la santé psychique des jeunes réfugiés est « prégnante » dans l’accompagnement et la préparation de l’intégration. Or « la possibilité d’un travail psychologique approfondi se heurte aux contraintes de temps qui pèsent sur l’accompagnement éducatif », relève l’observatoire.

Parmi les pistes proposées pour améliorer l’intégration de ces publics, l’accès à l’éducation doit être facilité. En effet, certains ne peuvent pas accéder à une formation car l’Education nationale n’est pas tenue d’offrir une solution de scolarisation pour les mineurs entre 16 et 18 ans. Les auteurs proposent donc de développer des classes d’accueil au sein des lycées professionnels, permettant simultanément l’apprentissage du français, la remise à niveau et la préparation d’un diplôme professionnalisant. Ils souhaitent aussi que l’accès aux contrats d’apprentissage soit facilité.

Parmi les bonnes pratiques, l’étude met en avant la présence d’une famille d’accueil : si celle-ci ne remplace pas la structure d’accueil, elle parraine le jeune et l’accompagne tout au long de son parcours. Ainsi se tissent des liens qui sortent des relations entretenues avec les professionnels de l’établissement. « Sans constituer une solution miracle, la formule, selon l’observatoire, pourrait encourager la dynamique d’intégration, si elle était déclinée et adaptée selon les territoires. »

Enfin, l’étude rappelle l’importance « capitale » de l’accompagnement par l’ASE « dans les périodes de transition que représentent le 18^e anniversaire du jeune puis la fin de son contrat jeune majeur », qui peut être renouvelé jusqu’à 21 ans. Alors que les professionnels citent la durée de ce contrat jeune majeur comme « un paramètre d’importance dans l’intégration des jeunes étrangers isolés », l’observatoire rappelle que cette prestation facultative est néanmoins soumise à l’appréciation du conseil général, et appliquée de façon variable selon les départements.