Après la mobilisation du 29 mars, à l’initiative de la Coordination nationale justice (1), les organisations syndicales représentatives des personnels des services pénitentiaires d’insertion et de probation (SPIP) maintiennent leur fronde pour réclamer des moyens : le Snepap (Syndicat national de l’ensemble des personnels de l’administration pénitentiaire)-FSU et la CGT-pénitentiaire appellent à une nouvelle journée d’action le 14 avril.
Pour l’heure, le ministère suspend ses réponses aux conclusions d’une série de travaux menés parallèlement, avec parfois des sujets similaires, au risque d’y perdre en lisibilité. Ainsi, le garde des Sceaux a demandé à Jean-Michel Camus, directeur du SPIP de la Gironde, et à Philippe Lemaire, procureur général près la Cour d’appel de Riom (Puy-de-Dôme), de piloter un groupe de travail devant « établir des référentiels précis définissant les normes de suivi des condamnés placés sous main de justice suivis par les SPIP ». Ce dernier, qui doit rendre ses conclusions fin avril, devrait faire le bilan des expérimentations en cours sur la « segmentation » des publics, c’est-à-dire la répartition des prises en charge selon des typologies de suivi. La chancellerie a également lancé deux groupes de travail – l’un sur l’organisation des SPIP, qui devrait également se pencher sur cette expérimentation, l’autre sur l’application des peines – qui devraient remettre leurs travaux en mai. Une mission confiée à l’inspection générale des services judiciaires et à l’inspection générale des finances devrait par ailleurs, en juin, définir des indicateurs d’évaluation de l’activité des services. Enfin, Nicolas Sarkozy a confié au député (UMP) Eric Ciotti une mission dont les résultats, attendus pour la fin avril, doivent viser à renforcer la « capacité à exécuter efficacement les peines prononcées ». A cela s’ajoutent des réflexions menées au sein de l’administration pénitentiaire, sur la pluridisciplinarité des services notamment.
Les syndicats, eux, redoutent une perte de temps et surtout l’absence de réponses correspondant à leurs attentes. « C’est bien une décision politique qui tranchera in fine entre les propositions », souligne le Snepap, pour qui la mobilisation doit « s’amplifier jusqu’à ce que le ministre fasse des annonces à la hauteur de la situation ». De même, pour la CGT-pénitentiaire, le 14 avril doit être « une nouvelle étape dans la construction d’un rapport de force ». L’annonce faite aux syndicats, par le directeur de l’administration pénitentiaire, du maintien des antennes des SPIP qui étaient menacées depuis un an par la réforme de la carte pénitentiaire, est loin d’avoir calmé la protestation.