« Travail avec les familles », « soutien à la parentalité »: il est des antiennes rarement interrogées. Précisément, c’est à cerner ce que recouvrent ces expressions que s’emploient les contributeurs de cet ouvrage, à commencer par son coordonnateur, Michel Boutanquoi, maître de conférences en psychologie à l’Université de Franche-Comté. Analysant le développement des démarches d’étayage parental, il pointe la logique normalisatrice qui se dissimule sous la « bienveillance des mots », c’est-à-dire la promotion de règles de conduite – la « bonne attitude », la « bonne manière de s’y prendre » – implicitement diffusées par les pratiques d’aide aux parents que mettent en œuvre les travailleurs sociaux. Mais familles et professionnels « ne partagent pas forcément les mêmes repères culturels à propos de ce qui constitue des ajustements relationnels adaptés entre parents et enfants », fait observer le psychosociologue Jean-Pierre Minary. Or, selon le regard porté sur elles, les situations familiales voient leur amélioration facilitée ou, au contraire, rendue problématique, souligne le psychosociologue. Si la manière d’appréhender les familles augure de collaborations plus ou moins fructueuses avec elles, la palette d’outils dont disposent les professionnels de la protection de l’enfance est également déterminante dans le soutien qu’ils peuvent apporter aux parents en difficulté. Ainsi, le dispositif d’accompagnement des relations familiales décrit par les chercheurs Pascale Breugnot et Dominique Fablet permet à des parents d’accueillir dans de bonnes conditions leurs enfants confiés à l’aide sociale à l’enfance – un appartement est mis à leur disposition –, alors que, faute de logement, ils ne pourraient pas, sinon, exercer leur droit de visite et d’hébergement.
Interventions sociales auprès de familles en situation de précarité – Coordonné par Michel Boutanquoi – Ed. L’Harmattan – 13,50 €