Les « flashmob » devaient avoir lieu le 31 mars à Paris et dans une quinzaine d’autres régions. La FNARS (Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale) et le « Collectif des associations unies pour une nouvelle politique publique du logement » ont décidé de recourir à cette forme de mobilisation courte, visuelle et médiatique (1) pour « envoyer un signal fort au gouvernement » et aux services déconcentrés de l’Etat. Trois ans après le lancement de la « refondation » du dispositif d’hébergement et d’accès au logement, les associations jugent que les « engagements ne sont pas tenus », notamment celui d’assurer à chaque personne sans abri un hébergement digne et un accompagnement vers un parcours d’insertion. A la fin du dispositif hivernal, faute de moyens pour fonctionner toute l’année, « des centres d’hébergement vont fermer et des personnes vont être remises à la rue : 800 à Paris, 400 à Lille, 180 à Nantes, 150 à Bordeaux, 100 à Rennes et à Strasbourg… », alertent-elles. Confirmant les constats de la FNARS, une enquête de Médecins du monde réalisée entre décembre 2010 et février 2011 dans six grandes villes (2) confirme l’inadéquation du dispositif d’hébergement avec les besoins. Parmi les 182 personnes pour lesquelles l’association a effectué un « signalement » au 115, la moitié sont restées à la rue, dont 20 % sont des demandeurs d’asile. Parmi elles figuraient 17 familles, dont dix n’ont pu être hébergées. Première raison : l’absence de places disponibles, mais aussi, dans 18 % des cas, le refus par les sans domicile de se rendre dans des lieux inadaptés. L’enquête montre aussi le non sens de la discontinuité du dispositif : « Dans plusieurs villes, les nombres de refus les plus élevés correspondent aux jours suivant la désactivation du plan grand froid. » Tandis que les carences du dispositif d’accueil, d’hébergement et d’insertion sont démontrées, « l’Etat n’apporte qu’une injonction budgétaire : 3 % de dépenses en moins en 2011 pour les personnes en situation d’exclusion » au niveau national, selon la circulaire budgétaire du 4 mars dernier (3), précise la FNARS. Ce qui risque d’aggraver les difficultés budgétaires des structures et de compromettre l’accompagnement social là où les travailleurs sociaux ne peuvent plus être recrutés en nombre suffisant.
Déplorant ces nouvelles orientations budgétaires, les associations jugent que « les conditions de la réussite de la refondation ne sont pas réunies ». Et la FNARS surveille de très près la réforme du financement du secteur, dont l’objectif est de mettre en corrélation les prestations offertes et leur financement afin de parvenir à plus de transparence et à une lecture partagée entre l’Etat et les associations. Les résultats de la première « étude nationale des coûts », menée auprès d’un échantillon d’établissements, devraient permettre d’élaborer des « groupes homogènes de structures » afin de définir des repères de coûts pour des activités comparables. Etant donné l’importance de cette étape, la FNARS demande « une phase d’étude approfondie sur un certain nombre de territoires pilotes », avant la généralisation de l’enquête et la définition des barèmes de financement pour la campagne budgétaire 2012. En attendant que cet outil de dialogue budgétaire soit finalisé, elle invite les structures à ne pas commencer à « contractualiser » avec les services de l’Etat, comme le demande dès cette année la circulaire du 4 mars.
(1) Tous les participants devaient se figer et déclamer ensemble un texte de 30 secondes, avant de reprendre le cours de leur marche.
(2) Lyon, Grenoble, Marseille, Toulouse, Montpellier et Strasbourg.