Comment est née l’idée de cette association ?
Elle correspond à un moment où les MECS expriment le besoin de s’interroger collectivement sur leur identité, alors que les publics qu’elles accueillent, leur offre de services et les politiques départementales dont elles dépendent sont caractérisés par une certaine hétérogénéité. Nées d’une logique de protection de l’enfant par l’hébergement dans la durée, elles ont progressivement été amenées à diversifier et à assouplir leurs pratiques pour tenir compte de la place des parents. A partir de l’internat classique, les prestations ont été modulées, notamment avec la mise en œuvre d’accueils séquentiels ou d’un accompagnement personnalisé depuis le domicile. Cela fait 30 ans que les MECS évoluent, qu’elles innovent, mais le paysage est contrasté et le secteur souffre d’un manque de communication et de modélisation des initiatives.
L’évolution des pratiques est-elle la seule cause de cette mutation ?
Un certain nombre de tensions sont également à l’œuvre. Du fait de placements plus tardifs, du nombre plus important de jeunes confrontés à des troubles médico-psychologiques, les publics accueillis sont plus difficiles. L’enjeu est de redonner du sens au collectif, qui a toujours fondé notre action éducative, à l’heure de l’individualisation de l’accompagnement. Un autre défi est de faire exister la parole de l’usager dans un cadre contraint. Innover dans un environnement de plus en plus normé et réglementé apparaît également comme une injonction paradoxale. D’où l’importance pour les équipes de direction de mettre en place des processus de reconnaissance des professionnels.
Quels sont vos objectifs ?
Nous souhaitons élaborer une pensée collective sur un certain nombre de chantiers qui seront définis lors du conseil d’administration du 29 avril prochain. L’enjeu est de poursuivre une triple ambition : politique, afin de représenter les MECS auprès des pouvoirs publics ; clinique et technique, pour réinterroger par exemple le sens de l’action éducative dans le cadre de l’internat et pour redonner du sens à certains outils, comme les médiations éducatives.
L’un des axes de travail consistera également à se rapprocher du monde de la recherche pour construire des adossements théoriques et cliniques qui manquent aujourd’hui. Ces réflexions seront portées au niveau régional et relayées par des journées nationales annuelles (2).
Qui peut adhérer à l’association ?
Son conseil d’administration, présidé par Francis Robert, directeur de MECS en Meurthe-et-Moselle, comprend trois collèges : celui des personnes physiques, c’est-à-dire des professionnels, cadres ou non ; celui des établissements, représentés par les directeurs, et celui des personnes morales, composé des présidents d’associations. L’Andesi (Association nationale des cadres du social) – qui a permis de monter les journées des 24 et 25 mars, accompagne l’association et l’héberge provisoirement – en est membre. Le Creahi d’Aquitaine, notre partenaire local pour ces journées, a proposé que l’Ancreai (3) en fasse également partie. Nous attendons la réponse de cette dernière.
Travaillerez-vous avec d’autres acteurs de la protection de l’enfance ?
L’idée est d’initier un travail en réseau avec les ITEP, les IME, les services d’AEMO. Mais nous ne pourrons définir notre place dans notre environnement que si, dans le même temps, nous travaillons sur notre propre identité !
(1) Contact :
(2) Les deuxièmes rencontres nationales sont prévues les 22 et 23 mars 2012 à Toulouse.
(3) Association nationale des centres régionaux pour l’enfance et l’adolescence inadaptées.