« C’est du carton, c’est pas une maison. » Comme les autres individus mis en lumière par Mehdi Ahoudig, réalisateur de documentaires radio, et Samuel Bollendorff, photographe, Ikhlek Baouzza vit « à l’abri de rien » : ni du froid, ni de l’humidité, ni des maladies, ni de l’isolement, ni de l’exiguïté. Il est mal logé, comme 3 657 000 autres personnes en France. C’est pour dénoncer ces conditions indignes que la Fondation Abbé-Pierre a commandé la réalisation d’un web-documentaire, « moins frontal et intrusif que le documentaire vidéo car il préserve l’intimité et la dignité des personnes déjà fragilisées ». Reste qu’à travers une quinzaine de pastilles et autant de portraits d’hommes, de femmes et d’enfants, Samuel Bollendorff et Mehdi Ahoudig nous font tout de même partager l’intimité de ces mal-logés, auxquels ils ont consacré neuf mois d’enquête. Leurs « films » présentent des précaires vivant en camping-car ou en studette à six, des personnes en attente de logement social, en procédure d’expulsion ou sous le joug de marchands de sommeil, en milieu rural ou dans le XVIe arrondissement de Paris. Dans ces habitats « de fortune », les calendriers sur les murs servent surtout à boucher les trous et à cacher les fissures…
Les possibilités de navigation du web-documentaire sont pleinement exploitées : dans certains portraits, il est possible de faire circuler sa souris d’ordinateur pour visiter les pièces du foyer ou de cliquer sur le nom de différents intervenants pour entendre leur témoignage. Le documentaire nous présente même à tour de rôle les habitants de chaque étage d’un immeuble.
Certaines images de logements insalubres sont à la limite du soutenable. L’objectif de Christophe Robert, délégué général adjoint de la Fondation Abbé-Pierre, est atteint : « Susciter l’indignation, la colère et ce questionnement : comment ça se fait ? » En haut de l’écran, un onglet permet de « Proposer une idée contre le mal-logement », histoire de ne pas se contenter de regarder passivement A l’abri de rien.
A l’abri de rien – Mehdi Ahoudig et Samuel Bollendorff –