Après l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale (1), c’est au tour du Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale (CNLE) de s’exprimer sur le rapport gouvernemental de suivi de l’objectif de baisse d’un tiers de la pauvreté en cinq ans (2). Reconnaissant l’utilité de ce rapport, le conseil a, dans un avis du 15 mars (3), demandé au gouvernement qu’il soit publié plus régulièrement (4), « à date fixe chaque année – si possible le 17 octobre, journée mondiale du refus de la misère – pour devenir un vrai rendez-vous annuel sur les engagements » pris en la matière. En outre, il souhaite que le Parlement s’en saisisse et apporte ses commentaires.
Si le CNLE se félicite de la baisse continue du taux de pauvreté monétaire ancré dans le temps (- 11 % entre 2006 et 2008), il n’en reste pas moins vigilant dans la mesure où les résultats présentés ne tiennent pas encore compte des effets de la crise économique survenue au dernier trimestre 2008. Le conseil considère ainsi que « la disponibilité d’indicateurs avancés ou susceptibles d’alerter sur des situations de pauvreté émergente n’en est que plus impérative pour le prochain rapport ».
Parmi les préoccupations du CNLE, figure « la proportion élevée des jeunes, particulièrement touchés par la pauvreté : 20 % des jeunes de 18 à 24 ans vivaient en 2008 en dessous du seuil de pauvreté ». Une proportion qui a crû de 2,5 % entre 2002 et 2008 alors que le gouvernement vise une baisse de 3,3 % en cinq ans. Aussi le président de l’instance, Etienne Pinte, appelle-t-il à la « mise en place d’une véritable politique nationale en vue de permettre à cette population un accès pérenne à l’emploi et à l’autonomie ». Un appel qui intervient après que le président de la République a, lors de son déplacement au Campus des métiers et de l’entreprise à Bobigny (Seine-Saint-Denis) en début de mois, présenté ses ambitions en la matière (5). Autre sujet d’inquiétude : le non-recours aux droits, qui ne diminue pas, qu’il s’agisse du non-recours aux soins, à des prestations sociales, au droit au logement opposable ou au revenu de solidarité active (RSA) « activité ». Le conseil préconise donc de « faciliter l’accès et le recours à ces droits, notamment en termes d’information et d’accompagnement des publics concernés, voire de simplification d’un certain nombre de dispositifs » (6).
Par ailleurs, avec l’impact attendu de la crise économique, le CNLE estime « essentiel » de mettre l’accent sur le suivi du chômage de longue durée et sur les conditions de son indemnisation. Il s’agit là d’anticiper la montée et la persistance de ce phénomène qui « pourraient se révéler être les problèmes les plus aigus à affronter, en particulier pour les travailleurs âgés ainsi que pour les jeunes ». Pour le conseil, il est de la responsabilité des pouvoirs publics et des partenaires sociaux de « veiller à ce que, même en période de ralentissement de l’activité, des actions de prévention du chômage de longue durée et d’accompagnement des demandeurs d’emploi soient mises en place ». Il attire l’attention, en particulier, sur l’urgence pour les secteurs d’activité les plus enclins aux contrats de travail atypiques ou à faible intensité de travail, de s’engager sur la voie d’une amélioration de la qualité de l’emploi, sous l’angle de la stabilité des contrats, de la diminution des temps partiels contraints et de la progression ou de la reconnaissance des qualifications.
(3) Disponible sur
(4) Depuis que l’objectif de baisse d’un tiers de la pauvreté en cinq ans a été fixé en 2007, le gouvernement a rédigé deux rapports de suivi de cet objectif, en 2009 et 2010.
(6) C’est le cas en particulier pour le RSA – Voir ASH n° 2667 du 9-07-10, p. 5.