Exploration dans « l’île 101 »

Qui suis-je ? Je suis une île en forme d’hippocampe, d’une superficie de 376 km² et située à 8 000 km de la métropole française. Je compte 180 000 habitants dont 40 % d’immigrés clandestins. Ma population, à majorité musulmane, est composée à 60 % de jeunes de moins de 24 ans. En 2009, elle a voté, par référendum, pour que je devienne le 101^edépartement français et le 5^edépartement d’outre-mer. Ce sera chose faite le 31 mars prochain. Je suis… Mayotte.

Avec toutes ses particularités – salaires bas et niveau de vie très élevé, travail au noir surdéveloppé et chômage galopant, difficultés d’accès aux soins, mineurs isolés non pris en charge par l’aide sociale à l’enfance, tourisme et agriculture encore embryonnaires –, comment Mayotte va-t-elle pouvoir appliquer les règles républicaines et les contraintes du rattachement adminis­tratif à la France ? Quels espoirs, quelles inquiétudes pour les Mahorais ? Plusieurs émissions et web-documentaires se penchent sur la question. La chaîne France Ô consacre notamment une soirée spéciale à « l’île 101 ». Ses documentaires proposent une rencontre avec des habitants, jeune imam, conseillère générale, paysanne illettrée, star de la chanson mahoraise… Les témoignages tournent autour de la polygamie, interdite depuis 2003 mais toujours pratiquée dans les faits, et des conditions de vie terribles des clandestins, venus pour la plupart des Comores voisines. Ceux qui ont survécu à la traversée en kwasa-kwasa – on estime à 10 000 le nombre de ces embarcations qui ont coulé sur le chemin de la « prospérité » depuis 1995 – vivent dans des cabanes faites de quatre bouts de tôle. La plupart du temps, ils se terrent chez eux pour échapper aux contrôles de la police aux frontières, et n’osent donc pas mettre les pieds à l’hôpital par crainte d’être renvoyés chez eux.

« La peur est un obstacle plus fort que l’argent », reconnaît un bénévole de Médecins du monde. L’association, qui a ouvert un dispensaire à Mayotte, se focalise dans son web-documentaire sur la problématique de l’accès aux soins. Le constat est plutôt pessimiste, et tous les espoirs se concentrent sur le rattachement à la métropole, qui implique que le droit français devra s’appliquer de la même manière que dans les autres départements. Et donc qu’Amina n’aura plus à hésiter avant d’amener son fils à l’hôpital s’il avale de l’eau de Javel…