Un corps réduit à des lignes tremblantes. Une silhouette sans bouche repliée en position fœtale. Une femme nue recroquevillée dans une tristesse infinie… Ainsi Valérie Guérin représente-t-elle l’anorexie. Cette enseignante de 44 ans, également directrice de formation à Asphodèle, association dont le but est de favoriser l’expression artistique sous toutes ses formes, a pesé un temps 32 kilos pour 1,64 mètre. Elle fut longuement hospitalisée à Sainte-Anne (Paris). Valérie Guérin, carnet de vies regroupe les dessins et peintures qu’elle a jetés sur des toiles au fil des ans, témoignant de son histoire personnelle. Les images parlent de sa maladie mentale et invalidante, de son hospitalisation, des échecs et des réussites. Malgré leurs différentes postures, ses croquis se ressemblent tous : sans décor, épurés, à la fois violents et doux. Quand, à de rares occasions, les silhouettes se déplient, l’œil accroche sur les os en relief sur la peau fine.
Valérie Guérin dessine ce qu’elle a du mal à exprimer par les mots. Elle dit qu’elle voulait « montrer une forme de beauté de cette maladie », la difficulté à communiquer, le repli sur soi. Le but de cet ouvrage est plutôt de « faire témoignage » en allant vers toutes les personnes en détresse, patientes anorexiques, familles, soignants… Pour cela, Claude Sternis, psychologue clinicienne et psychanalyste, a mené un long entretien avec Valérie Guérin, retranscrit en intégralité dans Carnet de vies. S’y sont adjoints des témoignages littéraires, thérapeutiques ou poétiques de soignants ou d’artistes ayant rencontré l’artiste et sa peinture.
Valérie Guérin, carnet de vies – Ed. Utopsya – 20 € – A commander à ACTEE : 114, rue de Paris – 94220 Charenton-le-Pont – Tél. 01 48 93 86 87