C’est un livre-objet, à la couverture gris métallisé ornée d’un judas. La métaphore d’une porte de prison. Il a été imaginé par Danièle Mercier, présidente de l’association Repousser les murs, qui travaille bénévolement depuis dix ans dans les centres de détention du Nord-Pas-de-Calais. Son titre ? On tourne en rond. « Comme dans une cour de prison, explique Danièle Mercier. C’est aussi l’impression que j’ai sur la politique carcérale. » Elle estime que la prison, « globalement, ne réussit pas sa mission première, la réinsertion. » Son ouvrage constitue un pas de côté pour sortir de ce cercle, s’extraire de la peur « qui se nourrit des extrêmes dont on parle à la télévision », les cas de récidives. « J’avais envie de parler de l’ordinaire carcéral, car en parler, c’est déjà avancer, pour que les gens posent un autre regard sur les détenus. La prison ne doit pas être en dehors de la société », argumente-t-elle.
Le livre se décompose en deux cahiers principaux. Dans le premier, Danièle Mercier témoigne de son vécu de bénévole. La manière dont elle a convaincu l’administration pénitentiaire de Longuenesse (Pas-de-Calais) du bien-fondé de son idée de groupe de parole – « un lieu où il serait possible de déposer ses angoisses, un lieu où chacun serait protégé par une règle absolue de bienveillance et de confidentialité ». Le second livret donne à lire des textes de détenus qu’elle a recueillis. Poignants. « Ma vie est ajournée dans ce pénitencier mal fréquenté par les mal-aimés qui sont là pour des années. Le compteur de ma liberté s’est déréglé », écrit Hassan.
L’ensemble est complété par deux affiches, paroles de prisonniers illustrées par des dessins d’enfants. Danièle Mercier ne verse pas dans l’angélisme : « Je sais qu’ils ont commis des actes délictueux. Mais c’est une manière de rappeler qu’ils ont eu une enfance. » Comme nous tous.
On tourne en rond – Danièle Mercier – Edité par l’association Repousser les murs – A commander sur